Odeur de cuisine qui stagne, buée sur les vitres, factures de chauffage qui gonflent, la ventilation mécanique contrôlée promet de régler ces trois tracas en un seul souffle. Derrière ses gaines discrètes, un ventilateur orchestre un flux d’air permanent, évacue l’humidité et récupère la chaleur perdue, au point de devenir un maillon clé des maisons basse consommation. Fonctionnement, modèles, coûts et gains à la clé, tour d’horizon d’une technologie encore méconnue mais déjà indispensable pour un intérieur sain.
Principe de la ventilation mécanique contrôlée
Comment fonctionne une VMC au quotidien
Au cœur du dispositif, un ventilateur électrique placé dans les combles ou un cellier aspire l’air vicié des pièces humides (cuisine, salle de bains, WC). Cette extraction crée une légère dépression de quelques pascals qui fait entrer l’air neuf par des grilles situées dans les pièces de vie ou, selon le modèle, au travers d’un échangeur de chaleur. La circulation d’air est donc continue, même fenêtres fermées, et évacue vapeur d’eau, odeurs et composés volatils vers la toiture.
Le moteur tourne à vitesse réduite en permanence puis accélère à la demande, enclenché manuellement (interrupteur cuisine) ou automatiquement grâce à un capteur d’humidité ou de CO₂. Les gaines sphériques ou plates canalisent l’air jusqu’à un rejet extérieur protégé par un chapeau pare-pluie. Bien dimensionné, le système reste discret (< 30 dB(A) dans les chambres) et sa consommation oscille entre 45 et 120 kWh par an pour un simple flux, 150 à 250 kWh pour un double flux intégrant la récupération de chaleur.
Quels débits d’air garantissent une maison saine
Pour maintenir un climat intérieur sain, il faut renouveler environ la moitié du volume d’air du logement chaque heure (≈ 0,5 vol/h). Cela se traduit par des extractions de 15 à 30 m³/h dans une chambre, 30 m³/h dans une salle de bains et jusqu’à 135 m³/h lorsque les plaques chauffent en cuisine. Ces valeurs, retenues par le CSTB, maintiennent l’humidité sous 60 % et réduisent de 20 % le risque de moisissures selon l’Ademe.
Le juste débit s’ajuste à la présence humaine pour éviter la sur-ventilation, synonyme de gaspillage énergétique. Les VMC équipées de sondes hygrométriques ou CO₂ modulent automatiquement le flux, accélérant lors d’une douche puis repassant en régime éco. La maison reste sèche, les polluants sont évacués rapidement et la facture de chauffage ne s’envole pas.
Les différents types de VMC
VMC simple flux autoréglable fonctionnement
Le modèle simple flux autoréglable repose sur un principe élémentaire : un ventilateur extrait l’air vicié via un caisson central situé en comble ou dans un faux-plafond. Des entrées d’air fixes placées sur les menuiseries des pièces de vie amènent l’air neuf selon une pression constante paramétrée en usine. Le débit reste inchangé quelles que soient la météo ou l’humidité intérieure. Cette constance simplifie le dimensionnement et limite les réglages : on respecte sans effort les débits réglementaires, 135 m³/h pour la cuisine ou 30 m³/h pour la salle de bain. L’appareil affiche une consommation modeste, entre 45 et 120 kWh par an selon le CSTB, et un coût d’équipement rarement supérieur à 700 € pose comprise.
VMC hygroréglable A et B avantages
La simple flux hygroréglable ajuste automatiquement le débit en fonction de l’humidité. Deux variantes coexistent : Hygro A utilise des bouches d’extraction motorisées ou à membrane qui s’ouvrent plus ou moins selon le taux d’humidité mesuré, tandis qu’Hygro B couple cette modulation aux entrées d’air situées dans les pièces de vie. La version B maîtrise donc à la fois l’air entrant et sortant, offrant un réglage plus fin et jusqu’à 10 % d’économies de chauffage par rapport à une autoréglable, selon l’Ademe. L’intérêt est double : limiter les pertes de chaleur durant les périodes sèches et évacuer rapidement l’excès de vapeur d’eau lors des douches ou de la cuisson, réduisant d’environ 20 % le risque de moisissures observé dans les études Ademe.
VMC double flux avec échangeur de chaleur
La double flux se distingue par son échangeur qui récupère la chaleur de l’air extrait avant de le rejeter dehors. Deux ventilateurs œuvrent en parallèle : l’un aspire l’air extérieur à travers des filtres F7 ou G4, l’autre évacue l’air intérieur chargé d’humidité et de polluants. Les deux flux traversent un échangeur à plaques ou à roue où ils ne se mélangent pas mais échangent les calories. Le rendement atteint couramment 80 %, certains caissons haut de gamme frôlent 90 %. Résultat : l’air neuf arrive tempéré, limitant les besoins de chauffage et améliorant le confort des occupants sans courant d’air froid. Cette technicité a un prix, autour de 2 000 à 4 000 € pose incluse, et demande un entretien biannuel des filtres pour préserver la qualité d’air et la performance énergétique.
Avantages santé et économies d’énergie
Qualité d’air intérieur humidité et COV
Une VMC bien réglée évacue l’air chargé d’humidité et introduit un flux neuf filtré. Les mesures de l’Ademe montrent une chute moyenne de 20 % du taux d’humidité après l’installation d’un simple flux, suffisamment pour freiner la prolifération des moisissures et des acariens. Les modèles hygroréglables font encore mieux : lorsque la cuisine ou la salle de bain s’embuent, les bouches motorisées augmentent temporairement le débit puis reviennent au minimum, ce qui limite la condensation sans gaspiller d’air chaud. Autre bénéfice invisible mais mesurable, la diminution des composés organiques volatils (COV) issus des peintures, meubles ou produits ménagers. Dans les maisons test, les capteurs montrent souvent une concentration de formaldéhyde divisée par deux dès la première semaine. Les VMC équipées de sondes CO₂ ou COV, connectées à la box domotique, ajustent la vitesse des ventilateurs en temps réel et maintiennent l’indice IAQ (Indoor Air Quality) dans la zone verte presque en continu.
Rendement et baisse de la facture chauffage
Le calcul est vite fait : un échangeur double flux récupère entre 60 % et 90 % de la chaleur contenue dans l’air vicié. Avec un écart de température intérieur / extérieur de 20 °C, cela représente en moyenne 2 kWh économisés par jour en plein hiver pour une maison de 120 m². Les études Effy annoncent jusqu’à 15 % d’économie sur la facture de chauffage, soit près de 250 € par an pour un logement chauffé au gaz. Même un simple flux joue un rôle, car la maîtrise de l’humidité améliore la sensation de chaleur : un air sec à 19 °C paraît plus chaud qu’un air humide à 20 °C, ce qui incite à baisser légèrement le thermostat. Côté consommation électrique, un ventilateur EC de dernière génération tourne autour de 90 kWh par an en simple flux et 200 kWh en double flux, un coût effacé en partie par les gains sur le chauffage.
Confort acoustique critères à surveiller
Un moteur placé dans les combles peut vite transformer la maison en caisse de résonance si l’acoustique a été négligée. Le guide Leroy Merlin recommande un niveau sonore inférieur à 30 dB(A) dans les chambres, seuil au-delà duquel le sommeil est perturbé. Pour y parvenir, on mise sur quatre leviers : gaine souple isolée de 25 mm, caisson suspendu sur silent-blocs, vitesse réduite pendant la nuit grâce au mode « éco » et ventilateur à courant continu dont la courbe sonore est plus plate. Les certifications NF S 31-010 ou Eurovent servent de repère : elles garantissent des essais en laboratoire à différentes fréquences. Un dernier détail compte : les bouches d’extraction comportent des volets souples qui évitent le sifflement à haut débit. En domotisant la VMC, on programme des paliers pour rester en dessous de 35 dB(A) dans le séjour tout en passant à 45 dB(A) au grand débit lorsque la cuisson nécessite d’évacuer rapidement les vapeurs.
Dimensionnement et réglementation RE 2020
Débits réglementaires par pièce CSTB
La réglementation française s’appuie toujours sur l’arrêté du 24 mars 1982, repris dans le guide CSTB, pour fixer les débits minimaux d’extraction pièce par pièce. Ces valeurs restent la référence sous RE 2020, qui vient surtout renforcer l’étanchéité à l’air et le contrôle des performances :
- Cuisine : 135 m³/h en fonctionnement normal, 75 m³/h en débit réduit (hotte hors calcul).
- Salle de bains ou douche : 30 m³/h, ramenés à 15 m³/h en débit réduit.
- WC : 15 m³/h.
- Buanderie : 15 m³/h.
- Chambre et séjour (pièces principales) : l’air est introduit par les entrées d’air mais n’est pas extrait directement. Le débit d’introduction global doit correspondre à la somme des extractions.
RE 2020 impose un test de perméabilité à l’air, donc les valeurs ci-dessus doivent être atteintes sans compter sur les fuites parasites. La mise en service comprend désormais la vérification des pressions et le relevé de débits pièce par pièce, consignés dans le carnet d’entretien numérique du logement.
Calcul du débit selon surface et occupants
Pour passer du cadre réglementaire au dimensionnement concret, les bureaux d’études ventilent la méthode en deux approches complémentaires :
- Par surface habitable : on retient en habitation individuelle un renouvellement de 0,3 volume/h. Exemple : une maison de 120 m², hauteur sous plafond 2,5 m, volume 300 m³. Débit global = 0,3 × 300 = 90 m³/h, arrondi à 105 m³/h pour garder une marge et coller aux débits pièce par pièce.
- Par occupant : le référentiel ventilation du CSTB recommande 15 à 20 m³/h par personne en continu. Une famille de quatre aura donc besoin d’au moins 60 à 80 m³/h. On retient la valeur la plus élevée des deux méthodes pour garantir la qualité d’air.
On ajoute ensuite un coefficient de simultanéité (généralement 0,7) pour tenir compte du fait que toutes les pièces humides ne sont pas utilisées en même temps, puis l’ingénieur choisit le caisson dont la courbe de pression répond à ce débit, conduits montés, à 80 Pa maximum pour éviter le bruit et la surconsommation. Cette démarche assure la conformité RE 2020, limite les dépenses électriques et prépare le terrain à un pilotage intelligent par capteur CO₂ ou hygrométrie.
Prix d’une VMC et aides financières
Coût matériel et installation
Le ticket d’entrée varie fortement selon la technologie retenue :
- VMC simple flux autoréglable : 150 € à 300 € pour le caisson et les bouches, 150 € à 400 € de pose, soit 300 € à 700 € tout compris.
- VMC simple flux hygroréglable : 300 € à 700 € de matériel, 200 € à 500 € de main-d’œuvre. Budget global : 500 € à 1 200 €.
- VMC double flux : 1 500 € à 3 000 € pour le bloc échangeur et les réseaux, 800 € à 1 500 € de pose. Facture finale : 2 300 € à 4 500 € selon la complexité du chantier.
La fourchette dépend de la surface ventilée, du nombre de bouches, de l’accessibilité des combles, du niveau d’isolation acoustique souhaité (gainages isolés 25 mm, caisson suspendu sur silent-blocs) et bien sûr des tarifs de l’installateur RGE.
MaPrimeRénov et TVA réduite
Une VMC neuve posée par un professionnel reconnu garant de l’environnement bénéficie d’une TVA à 5,5 % sur l’ensemble fournitures + main-d’œuvre, à condition que le logement ait plus de deux ans et soit occupé à titre de résidence principale. S’y ajoute MaPrimeRénov’ :
- jusqu’à 1 500 € pour une VMC double flux haute performance,
- 400 € environ pour une VMC hygroréglable B,
- cumul possible avec les certificats d’économie d’énergie (CEE) et, selon la commune, une aide locale.
Le dossier se dépose en ligne : devis signé, qualification RGE ventilation, facture et attestation de fin de travaux sont exigés. Les foyers modestes sont les plus aidés, mais même les ménages aux revenus supérieurs récupèrent quelques centaines d’euros.
Retour sur investissement d’une VMC double flux
En moyenne, la double flux récupère 60 % à 90 % de la chaleur de l’air extrait et fait baisser la facture de chauffage d’environ 10 % à 15 %. Exemple : dans une maison de 120 m² consommant 1 200 € de chauffage par an, l’économie brute atteint 120 € à 180 €. La consommation électrique supplémentaire du système (60 € à 80 €) ramène le gain net à 60 € à 120 € par an.
Avec un coût d’installation de 3 500 € et 1 000 € d’aides cumulées, l’investissement réel tombe à 2 500 €. Le temps de retour se situe alors entre 8 et 15 ans, plus court dans une maison antérieure à la RT 2005 et dans les régions froides, plus long dans un logement déjà très bien isolé. Au-delà du simple calcul comptable, l’amélioration de la qualité d’air et la valeur verte ajoutée au bien pèsent également dans la balance.
Installation VMC étapes clés
Tutoriel poser une VMC simple flux
Temps moyen : 6 h, pour une maison avec combles accessibles. Avant toute intervention, couper le disjoncteur général et vérifier l’absence de tension.
- Fixer le caisson extracteur sur patins antivibratiles, idéalement suspendu par tiges filetées et silentblocs pour réduire le bruit.
- Repérer et percer les plafonds : Ø 125 mm pour la cuisine, Ø 80 mm pour salle de bain, WC et buanderie. Poser les bouches d’extraction autoréglables ou hygroréglables.
- Dérouler les gaines souples isolées, longueur la plus droite possible, pente légère vers les pièces humides pour éviter la stagnation de condensats.
- Raccorder chaque gaine au caisson avec colliers métalliques et bande alu, numéroter les conduits pour faciliter la maintenance.
- Créer la sortie toiture ou en façade avec un chapeau pare-pluie, raccorder la gaine de rejet et vérifier l’étanchéité à l’air avec un mastic silicone neutre.
- Installer les entrées d’air autoréglables en partie haute des menuiseries des pièces de vie, puis brancher le caisson sur une ligne dédiée 230 V protégée par disjoncteur 2 A.
- Mettre sous tension, contrôler les débits avec un anémomètre (135 m³/h cuisine, 30 m³/h salle d’eau) et réaliser un test fumigène pour confirmer le sens de circulation.
Sécurité électrique et isolation des gaines
La norme NF C 15-100 impose une alimentation protégée par disjoncteur 2 A et interrupteur de proximité pour le caisson. Les connexions se font dans une boîte de dérivation IP44 posée dans le volume non chauffé. Côté conduits, une gaine souple avec isolation 25 mm limite les pertes thermiques et la condensation, indispensable dans les combles froids. Privilégier un rayon de courbure supérieur à 1,5 × diamètre pour préserver le débit et réduire le bruit. Les liaisons doivent être étanchées au ruban aluminium, jamais au scotch de bricolage, pour éviter les fuites d’air et la dépression parasite.
Gestion domotique capteurs CO₂ et hygrométrie
Une VMC simple flux peut gagner en intelligence en ajoutant des sondes CO₂ et d’humidité sans fil, placées dans les pièces de vie. Reliées à une box Zigbee, Z-Wave ou Thread, elles pilotent automatiquement la vitesse du ventilateur : passage en grande vitesse dès 800 ppm de CO₂ ou 65 % d’humidité relative, retour au mode éco en dessous de ces seuils. La courbe d’usage montre une baisse de 20 % des heures de fonctionnement à plein régime, soit 8 à 15 kWh économisés par an pour un moteur EC. Les alertes push sur smartphone signalent un filtre encrassé ou un taux d’humidité anormal, utile pour prévenir moisissures et allergènes. Cette intégration se combine facilement avec un thermostat connecté qui coupe le chauffage lors d’une extraction forte, pour optimiser encore la facture énergétique.
Entretien VMC pour une performance durable
Nettoyage des bouches et conduits
Un dépoussiérage régulier maintient le débit d’air et évite la surconsommation électrique. Les spécialistes recommandent de démonter chaque bouche tous les trois mois. Un simple passage à l’aspirateur, puis un lavage à l’eau tiède et au liquide vaisselle suffit. Les bouches de cuisine réclament un dégraissage plus appuyé, car la graisse colle aux volets et pénalise le débit jusqu’à 20 %. Pour les conduits, un ramonage mécanique ou par robot est conseillé tous les trois à cinq ans. Cette opération élimine les agglomérats de poussières qui favorisent la prolifération de moisissures et rétablit la pression initiale. Avant toute intervention, couper l’alimentation au disjoncteur 2 A dédié évite un redémarrage inattendu du ventilateur.
Remplacement des filtres F7 et G4
Sur une VMC double flux, les filtres forment la première ligne de défense contre les pollens et particules fines. Le préfiltre G4 arrête les poussières grossières, tandis que le filtre F7 capture plus de 80 % des PM2,5. Pour rester conforme à la norme NF E 51-772, changez-les deux fois par an : au printemps, après la saison de chauffage, puis à l’automne avant le redémarrage intensif. Un kit G4 + F7 coûte de 15 à 40 €. Des capteurs de pression différentielle intégrés dans les caissons récents déclenchent une alerte mobile quand la perte de charge dépasse 150 Pa, signe que le filtre est saturé. Remplacer à temps préserve l’échangeur, évite un sifflement désagréable et limite la surconsommation de l’ordre de 15 %.
Détecter pannes et risques sanitaires
Les signaux d’alerte sont souvent sonores ou olfactifs : ronronnement inhabituel, odeur de renfermé persistante, condensation sur les vitrages malgré une température stable. Une diode clignotante sur le caisson, couplée à une appli domotique, indique la plupart des anomalies : ventilateur bloqué, courroie distendue, sonde d’humidité défaillante. Un taux de CO₂ qui dépasse régulièrement 1 000 ppm ou une humidité supérieure à 60 % dans les pièces d’eau doit pousser à couper l’appareil et à faire intervenir un professionnel QualiVentilation. Un contrôle global tous les trois ans, avec mesure de débit et inspection caméra, écarte les risques de légionelles dans l’échangeur des double flux et limite l’apparition de spores allergènes. Un entretien suivi allonge la durée de vie du moteur au-delà de 15 ans et garantit une qualité d’air constante sans hausse de facture.
VMC ou ventilation passive comparatif
Puits canadien et autres solutions alternatives
La ventilation naturelle par ouvertures hautes, conduits statiques ou tirage thermique ne consomme presque rien, mais son efficacité dépend entièrement de la météo. En plein été sans vent, l’air stagne ; en hiver, le renouvellement d’air est trop faible ou beaucoup trop fort, avec un risque de déperdition de chaleur. La VMC simple flux, même dans sa version la plus basique, garantit un débit constant de 135 m³/h dans la cuisine et 15 m³/h par chambre, chiffre encadré par la réglementation, ce que la ventilation passive n’assure jamais. L’écart se voit sur la qualité d’air : des études Ademe relèvent jusqu’à deux fois moins de moisissures et 30 % de COV en moins dans les logements équipés d’une VMC correctement dimensionnée.
Le puits canadien (ou puits provençal) apporte une réponse hybride. Un conduit enterré à 1,5 ou 2 m sous le sol préchauffe l’air en hiver de 0 °C à +5 °C et le rafraîchit en été de 30 °C à 24 °C en moyenne. L’air ainsi tempéré est ensuite pulsé par un petit ventilateur de 30 à 60 W, bien loin des 150 à 250 kWh/an d’une VMC double flux, tout en réduisant la charge de chauffage ou de climatisation. Investissement moyen : 2 500 à 5 000 € hors terrassement. Mais la longueur du conduit (30 à 60 m) et la nature du sol conditionnent la performance, et un drain périphérique est indispensable pour éviter les condensats et les bactéries.
Les cheminées solaires et conduits à effet Venturi misent sur l’élévation naturelle de l’air chaud pour créer une dépression permanente. Peu coûteux à l’usage, ils nécessitent une architecture adaptée : orientation plein sud, tube métallique sombre, hauteur minimale de 4 m pour atteindre un tirage fiable. Un ventilateur d’appoint basse consommation est souvent ajouté les jours sans ensoleillement, ce qui les rapproche finalement d’une VMC double flux assistée.
Tableau express
- Investissement : VMC simple flux 300 à 700 €, puits canadien 2 500 à 5 000 €, cheminée solaire 800 à 1 500 € si intégrée dès la construction.
- Consommation électrique : ventilation passive 0 kWh, puits canadien 20 à 60 kWh/an, VMC double flux 150 à 250 kWh/an.
- Rendement thermique : double flux 60 à 90 %, puits canadien 4 à 8 °C de gain sur l’air entrant, ventilation passive variable.
- Maintenance : bouches et filtres pour VMC, contrôle annuel du drain et nettoyage du conduit pour puits canadien, quasi nul pour la ventilation passive mais vigilance sur les grilles obstruées.
En rénovation compacte, la VMC hygroréglable reste souvent la meilleure balance coût, performance et simplicité de pose. Sur une construction neuve orientée bioclimatique, associer un puits canadien à une VMC double flux basse consommation garantit un renouvellement d’air maîtrisé tout en lissant les pics de température sans recourir à la climatisation.
Étude de cas avant après installation
Maison individuelle gains sur humidité et énergie
Dans une maison de 110 m² construite à la fin des années 1970 près de Nantes, un couple avec deux enfants subissait chaque hiver des buées persistantes sur les fenêtres et des odeurs de renfermé. Les relevés de deux hygromètres installés dans le séjour et la salle de bains affichaient en moyenne 70 % d’humidité relative le matin, avec des pointes à 85 % après les douches. Sur la facture de gaz, la chaudière affichait 17 300 kWh consommés pour le chauffage de la saison froide. L’habitation ne disposait que d’aérations naturelles par grilles hautes, insuffisantes pour extraire la vapeur d’eau produite par quatre occupants.
Au printemps, les propriétaires font poser une VMC hygroréglable B (caisson basse consommation, gaines isolées, bouches autoréglables dans la cuisine et la salle d’eau, entrées d’air modulées dans les pièces de vie). Le chantier, réalisé en une journée par un installateur RGE, coûte 2 800 € main-d’œuvre comprise. Des enregistreurs de données sont laissés trois mois pour mesurer l’impact.
Dès le premier mois d’exploitation, l’hygrométrie moyenne descend à 55 % dans la salle de bains et à 50 % dans le séjour, soit une baisse de 20 points, confirmant les chiffres publiés par l’Ademe sur le gain procuré par l’hygro B. Les fenêtres restent désormais sèches au réveil et aucune trace de moisissure n’est réapparue autour des joints de silicone. Côté énergie, la chaudière a consommé 2 600 kWh de moins sur la même période hivernale, une économie de 15 % en ligne avec les estimations Effy pour ce type de VMC. Au tarif du kWh gaz, cela représente environ 260 € par an. Si l’on ajoute le bonus MaPrimeRénov’ (800 € obtenu après dépôt du dossier), l’investissement net trouvera son point d’équilibre financier en un peu plus de six ans, tandis que le confort sanitaire, lui, a été immédiat.
FAQ VMC questions courantes
Combien consomme une VMC par an
La consommation dépend du type de ventilation et de la qualité du moteur. Une VMC simple flux autoréglable tourne en continu et se contente souvent d’un petit ventilateur AC : comptez 45 à 120 kWh par an, soit 10 à 25 € sur une facture d’électricité moyenne. Le modèle simple flux hygroréglable coupe ou réduit sa vitesse quand l’air est sec, d’où une économie de 10 à 20 % sur cette enveloppe. Une double flux intègre deux ventilateurs et parfois un système de dégivrage : la fourchette grimpe à 150-250 kWh, 30 à 50 € environ, mais la chaleur récupérée permet de rogner jusqu’à 15 % sur le chauffage, ce qui compense largement le surcoût électrique. Les fabricants qui embarquent un moteur EC (rendement supérieur à 65 %) ou un pilotage domotique par capteur CO₂ peuvent encore abaisser la note d’une dizaine de kilowattheures.
Quelle différence entre Hygro A et B
Les deux familles ajustent le débit en fonction du taux d’humidité, mais elles n’agissent pas au même endroit.
- Hygro A : les bouches d’extraction se modulent pièce par pièce, alors que les entrées d’air restent fixes. C’est la formule la plus simple à installer en rénovation. L’économie d’énergie observée tourne autour de 5 à 10 % par rapport à une autoréglable classique.
- Hygro B : on ajoute des entrées d’air variables dans les menuiseries, ce qui permet de réduire le débit global quand l’air intérieur est déjà sec. Le gain passe à 10-20 % et le confort s’améliore puisqu’on limite les courants d’air froid. En revanche, le coût d’achat et la pose sont un peu plus élevés et demandent une attention particulière à l’étanchéité du bâti.
En résumé, Hygro A vise la simplicité, Hygro B la performance énergétique maximale.
Quand faut il changer les filtres
Sur une VMC simple flux, il n’existe pas de filtre central. Seule la grille cuisine peut comporter une mousse anti-graisse à rincer tous les trois mois. La question du remplacement concerne surtout les VMC double flux. Les normes NF E51-772 recommandent deux interventions par an : un filtre grossier G4 protège les ventilateurs, un filtre fin F7 bloque pollens et particules. Les marques prévoient souvent un jeu complet de rechange de 15 à 40 €. Dans un environnement très poussiéreux ou en cas d’allergie, un contrôle visuel trimestriel est prudent. Un filtre colmaté augmente la consommation électrique, réduit le rendement de l’échangeur et peut détériorer la qualité de l’air, d’où l’intérêt de noter la date de pose et d’anticiper le réassort.
Choisir la bonne VMC revient à miser sur un duo gagnant qualité d’air et sobriété énergétique, car derrière de simples gaines se joue la santé de toute la maison. Alors que nous passons près de 90 % de notre temps à l’intérieur, la prochaine frontière s’annonce déjà : une ventilation pilotée par IA capable d’anticiper les besoins pièce par pièce. La question n’est plus de savoir si ce souffle intelligent s’imposera, mais quand chaque logement en fera son nouveau standard.