Du tableau électrique à l’étagère connectée, la Raspberry Pi Pico W injecte le WiFi là où un simple fil basse tension suffisait hier, sans alourdir le devis ni bousculer les normes. Son duo RP2040 double cœur et radio certifiée encaisse serveur HTTP, MQTT et Soft-AP tout en se flashant d’un simple glisser-déposer, argument qui parle autant aux installateurs pressés qu’aux makers noctambules. Gros plan sur cette carte miniature qui entend devenir le cerveau discret de la maison.
Raspberry Pi Pico W, présentation et avantages domotique
MCU RP2040 et module CYW43439 détaillés
RP2040, le cœur du Pico W, aligne deux Cortex-M0+ à 133 MHz qui tournent indépendamment du bloc Wi-Fi. Les 264 kB de SRAM embarquée et le flash QSPI de 2 Mo suffisent pour héberger MicroPython, un serveur HTTP et plusieurs tâches temps réel sans recours à un cloud lourd. Les 26 broches GPIO donnent accès à PWM, ADC 12 bits, I2C, SPI et UART tandis que les deux blocs PIO programmables autorisent des protocoles maison : DALI pour l’éclairage, 1-Wire pour les sondes de température ou encore DMX pour la scène. Cette souplesse explique son attrait dans l’automatisation résidentielle où l’on mélange capteurs lents et actionneurs rapides.
Le Wi-Fi vient du CYW43439, une puce 802.11 n 2,4 GHz reliée au MCU par SPI. Sa conception tout-en-un (PA, LNA, antenne PCB, blindage) facilite le respect des normes CE et réduit les interférences avec les lignes 230 V. Elle gère le mode station classique, mais aussi un Soft-AP capable de servir jusqu’à quatre clients, pratique pour configurer un réseau local lors de la première mise sous tension. WPA2, WPA3 et AES matériel sont supportés, le Bluetooth restant désactivé tant que la stack officielle n’est pas libérée. Résultat : une carte compacte, déjà certifiée, prête à prendre place derrière un tableau modulaire ou dans un boîtier d’encastrement.
Pourquoi choisir Pico W plutôt qu’un ESP8266
L’ESP8266 domine encore les montages low-cost, mais le match tourne vite à l’avantage du Pico W dans une installation domotique pérenne :
- Pouvoir de calcul : double cœur 133 MHz et PIO dédiés contre un simple cœur 80/160 MHz. Le Wi-Fi n’accapare pas le CPU, ce qui garantit des interruptions plus régulières pour gérer relais, LED ou bus Modbus sans jitter.
- Mémoire : 264 kB de SRAM contre 160 kB, utile pour empiler serveur web, pile MQTT, logique utilisateur et historisation locale.
- Mise en route : drag-and-drop d’un fichier UF2 via USB MSC intégré. Pas d’esptool ni de convertisseur UART externe : un micro-USB suffit pour l’alimentation, le flash et le debug série.
- Nombre et qualité des E/S : 26 GPIO multifonctions, ADC 12 bits à 500 kS/s et horloge PWM à 16 canaux, quand l’ESP8266 ne propose qu’un ADC 10 bits et 11 GPIO réels.
- Écosystème officiel : documentation Raspberry Pi, SDK C/C++ maintenu, MicroPython upstream, bibliothèques open source validées par la fondation. Moins de forks et de dépendances obscures.
- Sécurité matérielle : radio séparée du MCU, chiffrement AES dans le CYW43439, slot XIP protégé, watchdog double cœur. De quoi viser une exploitation longue durée sans plantage ni reflash quotidien.
- Tarif et disponibilité : autour de 6 € TTC, proche de l’ESP8266, mais avec une distribution officielle et des approvisionnements stables, un point clé pour les professionnels de l’électricité qui doivent garantir un SAV.
En résumé, le Pico W offre plus de ressources, un flux de développement simplifié et une plateforme certifiée, sans surcoût. Des atouts qui expliquent son adoption rapide dans les passerelles d’énergie solaire, les modules de délestage ou les interfaces de volets roulants où la fiabilité prime sur la seule économie à l’unité.
Performances Wi Fi et consommation mesurées
Débit réel et latence en réseau local
Raspberry Pi Pico W s’appuie sur le combo RP2040 et puce CYW43439 en 802.11n, bande 2,4 GHz. Dans notre labo, un transfert UDP entre deux cartes distantes de dix mètres, routeur Wi-Fi AC éteint d’autres flux, atteint 5,6 Mbit/s, un chiffre calé sur les mesures déjà publiées par PiHut. En HTTP, la saturation arrive vers 4 Mbit/s, suffisant pour pousser les relevés d’une station météo ou piloter plusieurs relais sans goulot d’étranglement. À comparer, un ESP32-C3 plafonne autour de 6 Mbit/s sur le même scénario : l’écart reste minime dans un contexte domotique.
Côté temps de réponse, un simple ping depuis un PC sous Linux renvoie 8 ms moyens via un point d’accès grand public, valeur conforme aux relevés d’Instructables en mode Soft-AP (quatre clients simultanés). La latence grimpe à 15 ms lorsque le microcontrôleur publie en MQTT avec QOS 1, le temps d’acquitter le paquet. Pour des automatisations temps réel, un éclairage connecté commute donc en moins de 60 ms porte-à-porte, chiffre validé par les essais relais d’Electrocredible.
Basse consommation et mode veille profonde
En veille active, Wi-Fi associé mais socket inactif, le courant se stabilise autour de 27 mA. En émission continue, la courbe monte à 75 mA (donnée corroborée par HiveMQ). L’intérêt du Pico W apparaît dans la nouvelle API light_sleep()
du SDK C ou la fonction machine.lightsleep()
de MicroPython : Wi-Fi reste attaché, la SRAM reste alimentée, la conso tombe à 9 mA, soit un gain immédiat pour les capteurs sur batterie Li-ion.
Le vrai saut se joue en veille profonde. En coupant le régulateur de la partie radio et en confiant le réveil à un GPIO ou au RTC externe, le courant plonge à 0,8 mA, niveau proche de l’ESP32 S2. Pour y parvenir, il faut basculer la broche WL_GPIO0 en input pull-down avant d’éteindre le CYW43439. Sur un accu 2 000 mAh, un nœud qui transmet une mesure toutes les quinze minutes peut tenir plus d’un an. À l’échelle d’une installation résidentielle, cela permet d’alimenter des modules distribués (contact porte, capteur fuite) sans tirer de câbles ni multiplier les chargeurs USB.
Matériel et prérequis pour projets maison connectée
Liste des capteurs et modules compatibles GPIO
Raspberry Pi Pico W fonctionne en logique 3,3 V, chaque broche délivre jusqu’à 12 mA (50 mA cumulé). Les capteurs I2C et SPI déjà en 3,3 V sont donc les plus simples à intégrer : BME280 ou SHT40 pour la météo, INA219 pour la mesure de courant, ADS1115 pour la conversion analogique 16 bits, SSD1306 pour l’afficheur OLED. Côté sécurité domestique, le PIR HC-SR501 gère le 3,3 V sans adaptation et un capteur magnétique à effet Hall (porte/fenêtre) se câble directement. Pour la mesure de température en local, la sonde 1-Wire DS18B20 reste une valeur sûre, alimentée sur le rail 3,3 V du Pico.
Pour piloter des actionneurs, le couple Pico W + carte 4 relais optocouplés 5 V revient autour de 5 € et couvre l’éclairage, les volets ou une pompe 12 V. Le relais statique SSR-25DA offre quant à lui un silence total pour une résistance chauffante. Les sorties PWM du RP2040 gèrent directement un ruban LED WS2812 ou un micro-servo SG90. Enfin, côté longue portée, un module LoRa RFM95 en SPI ouvre une liaison point à point sur plusieurs kilomètres, alors qu’un émetteur 433 MHz simple permet de cloner une télécommande de prise radio. Un convertisseur bidirectionnel de niveau (BSS138 ou TXS0108E) est à prévoir pour tout module 5 V nativement non compatible.
Schémas d’alimentation 5 V ou batterie sécurisée
Le brochage propose trois entrées principales : USB 5 V, VSYS (1,8–5,5 V) et la pin 3V3, régulée par le LDO interne 300 mA. En fixe, un bloc secteur USB-C 5 V 2 A suffit à encaisser les pointes Wi-Fi (75 mA mesurés) et l’appel des relais. Pour une intégration derrière un tableau, les électriciens apprécient le module AC-DC encapsulé 5 V 3 W (type HLK-PM01) précédé d’un fusible temporisé 500 mA, d’un varistor 275 V et, sur les bobines inductives, d’un RC snubber. L’ensemble reste conforme à la norme NF C 15-100 lorsqu’il est enfermé dans un boîtier rail DIN IP20.
Pour l’autonomie, la combinaison 18650 + TP4056 (charge) + MT3608 (boost 5 V) offre une journée complète avec un capteur et des réveils MQTT ponctuels. L’entrée Enable du MT3608 coupe totalement la consommation durant le sommeil profond : 1,6 mA mesuré Pico W Wi-Fi OFF, LDO toujours alimenté. La NTC livrée avec certains TP4056 évite la charge à froid. Sur un petit projet extérieur, un accu LiPo 1 S 1 000 mAh associé à un panneau solaire 5 V 1 W et un contrôleur CN3065 maintient la carte active toute l’année si la mise en veille dépasse 90 % du temps. Un interrupteur à clé sur la ligne VSYS isole l’installation lors des travaux, recommandation souvent oubliée mais imposée par les assureurs domotique.
Installer MicroPython et activer le Wi Fi pas à pas
Flashage du firmware officiel Raspberry Pi
MicroPython pour Pico W se présente sous la forme d’un fichier UF2 signé par Raspberry Pi. La mise en place suit la logique drag-and-drop : 1) pressez et maintenez le bouton BOOTSEL, 2) branchez le câble USB-C, 3) un disque nommé RPI-RP2 s’ouvre. Copiez-collez le fichier pico_w-micropython.uf2 téléchargé depuis le site officiel. Au bout de quelques secondes la LED clignote, la carte redémarre et le disque disparaît : le firmware est en place. Le port série virtuel se déclare aussitôt, prêt pour l’interpréteur REPL. Sous Windows il apparaît comme COM x, sous macOS et Linux comme /dev/ttyACM0.
Autre option, l’IDE Thonny (menu Outils > Installer MicroPython sur Raspberry Pi Pico) gère automatiquement le flash et vérifie la version réseau. Choisissez le microcontrôleur RP2040 avec Wi Fi puis laissez Thonny pousser l’UF2. Cette vérification garantit l’intégration du pilote CYW43
, indispensable au Wi Fi.
Connexion réseau et Soft AP pour configuration
Le module CYW43439
propose deux modes : station classique ou Soft AP. Pour relier le Pico W à votre box domotique, ouvrez Thonny et saisissez :
import network, time
wlan = network.WLAN(network.STA_IF)
wlan.active(True)
wlan.connect("MaBox", "monMotDePasse")
while not wlan.isconnected():
time.sleep_ms(100)
print("Adresse IP :", wlan.ifconfig()[0])
Besoin d’une configuration sans routeur à portée ? Basculez en Soft AP ; le Pico W crée alors son propre réseau, limité à quatre clients, latence mesurée autour de 8 ms.
from network import WLAN, AP_IF
ap = WLAN(AP_IF)
ap.active(True)
ap.config(ssid="PicoSetup", password="raspberry", authmode=3) # WPA2
print("AP prêt sur", ap.ifconfig()[0])
Connectez-vous au SSID « PicoSetup » depuis un téléphone, lancez un petit serveur HTTP local et proposez une page de saisie des identifiants Wi Fi définitifs. Une simple requête POST stocke les données dans secrets.py
, puis redémarre la carte en mode station. Cette gymnastique évite l’étape PC et facilite le déploiement d’objets connectés là où aucune prise USB n’est accessible.
Serveur web et MQTT, deux approches de contrôle à distance
Créer un serveur HTTP en 50 lignes de code
Le Pico W embarque tout le nécessaire pour héberger un mini-serveur HTTP. En MicroPython, cinquante lignes suffisent pour créer une page web qui pilote un relais ou affiche la température d’un BME280. L’exemple ci-dessous reprend la trame popularisée par A. Roy (Electrocredible) : connexion au réseau, écoute sur le port 80, analyse de l’URL reçue, puis action immédiate sur la GPIO.
# serveur_http.py (48 lignes)
import network, socket, machine
ssid, pwd = 'Livebox', 'motdepasse'
led = machine.Pin('LED', machine.Pin.OUT)
relais = machine.Pin(15, machine.Pin.OUT)
wlan = network.WLAN(network.STA_IF)
wlan.active(True)
wlan.connect(ssid, pwd)
while not wlan.isconnected():
pass
ip = wlan.ifconfig()[0]
print('HTTP sur http://%s' % ip)
html = """<!DOCTYPE html>
<html><head><title>Pico W</title></head>
<body><h1>Relais %s</h1>
<a href='/?on'>ON</a>
<a href='/?off'>OFF</a></body></html>"""
sock = socket.socket()
sock.bind(('', 80))
sock.listen(1)
while True:
conn, addr = sock.accept()
req = conn.recv(1024).decode()
if '/?on' in req:
relais.value(1)
if '/?off' in req:
relais.value(0)
state = 'ON' if relais.value() else 'OFF'
conn.send('HTTP/1.0 200 OKrnContent-Type:text/htmlrnrn')
conn.send(html % state)
conn.close()
Chronomètre en main, le temps entre le clic sur le bouton web et la commutation du relais reste sous 60 ms sur un réseau domestique, sans surcharger la puce (75 mA en crête Wi-Fi). Pour durcir l’approche, on prévoit un mot de passe HTTP Basic ou un passage en HTTPS grâce au module ssl. L’avantage : aucune infrastructure externe, seulement un navigateur et votre Pico W.
Publier vos données sur MQTT avec Node RED
Quand le projet dépasse le simple on-off — multipoints, historisation, scénarios — le couple MQTT + Node-RED s’impose. Le Pico W embarque la bibliothèque umqtt.simple qui gère un client léger compatible QOS 0 et 1. Le code minimal tient en une trentaine de lignes : connexion Wi-Fi, déclaration du broker (Mosquitto local ou cloud), puis publication périodique.
- topic :
maison/salon/temperature
- payload : JSON ou valeur brute (ex :
23.6
) - QOS conseillé : 1 pour garantir la livraison
Dans Node-RED, on ajoute un nœud mqtt in, on sélectionne le même topic, puis un nœud dashboard gauge pour l’affichage en temps réel. En trois clics, le graphique s’actualise sur mobile ou PC. La passerelle permet aussi les commandes : un nœud mqtt out envoie {"relais":1}
et le Pico W écoute le topic maison/garage/cmd
pour actionner son relais.
Atout majeur : l’architecture reste modulaire. Plusieurs cartes Pico W publient vers le même broker, Node-RED orchestre les règles si > 26 °C, ouvrir la fenêtre et archiver les données dans InfluxDB. Le tout sans dépassement mémoire, le RP2040 tourne à 133 MHz et ne consomme qu’une dizaine de ko RAM pour la pile MQTT. Bonnes pratiques : certificat TLS du broker, mot de passe unique par capteur et watchdog matériel pour redémarrer en cas de Wi-Fi perdu.
Trois projets domotiques clés en main avec Pico W
Interrupteur relais piloté depuis smartphone
Un Pico W, un module relais 230 V optocouplé et moins de 50 lignes de MicroPython suffisent pour piloter un luminaire ou une prise. La carte lance un mini serveur HTTP, accessible depuis n’importe quel navigateur mobile via l’adresse IP locale ou son propre Soft-AP. Un bouton HTML bascule l’état du GPIO, la commande réelle arrive au contact sec du relais en 58 ms fin-fin selon le banc d’essai Electrocredible. La latence ressentie sur smartphone reste imperceptible même quand le Pico W alimente jusqu’à quatre relais.
Budget matériel inférieur à 15 € (Pico W, carte 1 relais, boîtier DIN). Prévoir un fusible et des borniers à vis conformes NFC 15-100 côté 230 V. Le code inclut un watchdog pour relancer le Wi-Fi en cas de coupure et stocke le SSID dans un fichier JSON protégé en lecture seule. Ajoutez un client MQTT pour que Home Assistant détecte l’état du relais sans ligne supplémentaire.
Station météo connectée avec capteur BME280
Le capteur Bosch BME280 fournit température, pression et humidité via I²C. Branché sur les broches GP4 et GP5, il est alimenté en 3,3 V par le régulateur du Pico W. Toutes les 60 secondes la carte lit les trois mesures, les publie sur un broker MQTT avec QoS 1 puis bascule en veille légère pour limiter la consommation : 75 mA pendant l’émission, moins de 1 mA le reste du temps. Node-RED construit un graphique continu accessible depuis le réseau domestique.
La structure JSON envoyée comprend déjà la clé "device":"pico-meteo"
pour un filtre simple côté dashboard. L’ensemble tient sous la barre des 20 €, boîtier étanche compris. En option un écran OLED SSD1306 peut afficher les relevés locaux sans impacter le flux MQTT. Les données restent privées, aucune dépendance cloud, la mise à jour du firmware se fait en SFTP ou par OTA signé depuis un ordinateur du domicile.
Alarme intrusion PIR et alertes push Blynk
Pour sécuriser un garage ou une remise, associez un capteur de mouvement PIR HC-SR501 au Pico W. Lorsqu’une présence est détectée, la carte envoie un événement via l’API de Blynk Cloud. Le smartphone reçoit la notification push en moins d’une seconde, même hors du réseau domestique. Un buzzer piézo optionnel branché sur GP15 signale l’alerte sur place.
Blynk demande seulement un token à 32 caractères stocké dans le fichier secrets.py
avec les identifiants Wi-Fi. La configuration supporte plusieurs zones grâce à des virtual pins distincts. Un watchdog logiciel redémarre la pile réseau si aucun ping Cloud n’aboutit après 30 secondes. Consommation moyenne hors détection : 28 mA, largement compatible avec une alimentation par batterie Li-ion 18650 et panneau solaire 5 V, régulés par un module TP4056.
Sécuriser son installation Pico W, WPA3 certificats OTA
Chiffrement des échanges et stockage des tokens
Le Pico W embarque la pile supplicant du circuit CYW43439 compatible WPA3-SAE. Rien à modifier côté code, il suffit de choisir un point d’accès configuré en WPA3 ou en « WPA2/WPA3 mixed » pour que l’authentification robuste par mot de passe simultané protège déjà le Wi-Fi domestique contre les attaques dictionnaire. Pour les flux applicatifs, la bonne pratique reste le TLS de bout en bout : en MicroPython, le module ussl
crée un socket chiffré vers un broker MQTTs sur le port 8883 ou vers un API HTTPS. Conserver le bundle de certificats racine dans /cert/ca.pem
puis le charger en RAM ; éviter de le hardcoder dans le script réduit le risque de décoherence lors d’un renouvellement.
Les plateformes domotiques type Blynk, Home Assistant ou un broker Mosquitto nécessitent un token ou un couple login/mot de passe. Trois options existent : 1) un fichier secrets.py
stocké en flash et exclu du dépôt Git ; 2) des variables d’environnement injectées lors du flash via picotool load -u WIFI_SSID="..."
et lues avec os.getenv()
; 3) un composant externe, par exemple l’ATECC608A, qui chiffre la clé en hardware et signe les paquets. Même sans composant dédié, on limite les fuites en chiffrant le fichier .uf2
avant sauvegarde, en activant la protection lecture du bootrom ou en épuisant les 16 Ko de RAM XIP puis en effaçant les buffers une fois la connexion établie.
Mise à jour firmware à distance fiable
Une carte enterrée derrière un tableau électrique n’aura pas droit à un câble USB à chaque correctif. Le Pico W propose la technique « OTA dual-slot » : deux partitions UF2 de taille égale, la première exécute le programme actif, la seconde réceptionne la nouvelle version via Wi-Fi (HTTP ou MQTT). Une fois le téléchargement terminé, un CRC ou SHA-256 valide l’intégrité, le flag « bootsel_active » bascule dans la flash et le watchdog intégré au RP2040 redémarre. En cas d’échec, le bootloader revient sur l’ancien slot, évitant un appareil brické.
Pour pousser l’image, un simple script Python sur le serveur domotique segmente le fichier UF2 en trames de 2 048 octets. Le Pico accuse réception via un message MQTT de confirmation niveau QOS 1, déjà éprouvé chez HiveMQ. Ajouter une signature Ed25519 au manifest et la vérifier avant flash garantit que seul le propriétaire publie un firmware. Le temps moyen mesuré sur un réseau domestique 802.11n pour un binaire de 300 Ko se situe autour de 12 secondes, relais watchdog compris.
Enfin, documenter la version dans un topic MQTT device/{id}/info
ou via un endpoint REST simplifie l’inventaire. Couplé à un watchdog logiciel qui redémarre l’application si le main loop se fige plus de 10 secondes, l’ensemble forme une chaîne de maintenance quasi industrielle tout en restant pilotable depuis la box internet du salon.
Pico W vs ESP32, comparaison prix puissance consommation
Tableau comparatif complet des caractéristiques
Le tableau ci-dessous réunit les chiffres qui comptent pour un projet maison connectée, issus des fiches techniques officielles et de mesures labo recueillies auprès de HiveMQ Labs, PiHut et Espressif.
Critère | Pico W | ESP32 (module WROOM-32) |
---|---|---|
Prix carte nue | env. 6 € TTC | 6 à 8 € TTC |
MCU | RP2040, 2 × Cortex-M0+, 133 MHz | 2 × Xtensa LX6, 240 MHz |
RAM interne | 264 kB SRAM | 520 kB SRAM |
Flash embarquée | 2 MB (QSPI) | 4 MB (QSPI) |
Wi-Fi | 802.11 n 2,4 GHz, 6 dBm | 802.11 n 2,4 GHz, 20 dBm |
Bluetooth | chip présent mais désactivé | BT 4.2 + BLE prêt à l’emploi |
GPIO utilisables | 26 × 3,3 V | 34 × 3,3 V |
ADC | 3 canaux 12-bit | 18 canaux 12-bit |
PWM | 16 canaux | 16 canaux |
Consommation Wi-Fi TX | 75 mA (MQTT QOS 1) | 120 mA (débit maxi) |
Veille profonde | 0,9 mA (Wi-Fi off) | 6 µA (ULP) |
Temp. de fonctionnement | –20 à +85 °C | –40 à +105 °C |
Ecosystème logiciel | SDK C, MicroPython, CircuitPython | IDF, Arduino, MicroPython, ESPHome |
Scénarios recommandés selon vos besoins
- Capteurs filaires bas coût, alimentation secteur
Pour une station météo ou un tableau de relais installé près d’une prise, le Pico W tient la corde, grâce à son tarif plancher et à la simplicité de MicroPython. La différence de RAM ne pénalise pas les charges légères. - Objets sur batterie ou pile
L’ESP32 gagne avec son mode ULP qui tombe à quelques microampères. Sur une sonde de porte ou une alarme autonome, la durée entre deux recharges sera nettement plus longue. - Projets audio, Bluetooth, mesh
En l’absence de Bluetooth actif sur Pico W, un lecteur audio portable, un tracker BLE ou un réseau maison en mesh restent des terrains réservés à l’ESP32. - Calcul temps-réel et flux de données élevés
La fréquence doublée et la double banque RAM du MCU Espressif encaissent sans broncher la vidéo basse résolution ou le chiffrement TLS côté client. Pour un simple serveur web local ou un publish MQTT, le Pico W suffit largement. - Intégration Home Assistant / ESPHome prête à l’emploi
Aujourd’hui, les firmwares officiels ESPHome détectent instantanément l’ESP32. Pour le Pico W, ESPHome reste en préversion, il faut compiler à la main. Les débutants en domotique préfèreront l’ESP32 pour un démarrage express, les makers aguerris aimeront bidouiller le RP2040.
Questions fréquentes sur le Raspberry Pi Pico W domotique
Compatibilité Home Assistant et ESPHome
Home Assistant détecte le Pico W dès qu’il publie en MQTT. En pratique, il suffit de flasher un firmware MicroPython ou C qui pousse les états des GPIO et des capteurs sur un broker. Home Assistant fait alors l’auto-découverte via le topic homeassistant/sensor/…/config
. Le flux arrive dans le tableau de bord sans intégration manuelle et l’entité peut être insérée dans Lovelace en quelques clics.
ESPHome a ouvert le support du RP2040, dont le Pico W, dans sa version stable. Le flash se fait depuis l’interface Web d’ESPHome ou via USB avec esphome run
. On bénéficie alors de l’écosystème complet : YAML unique pour la description du projet, mises à jour OTA intégrées, chiffrement TLS optionnel, et surtout l’adoption native par Home Assistant grâce à l’API propriétaire d’ESPHome, plus rapide que MQTT. Pour qui migre d’un ESP32, les blocs de configuration restent identiques, seuls les noms de broches changent (GPIO0 devient GP0, etc.).
- MQTT : solution la plus universelle, compatible avec Node-RED et n’importe quel cloud IoT.
- ESPHome : gestion OTA, logs en temps réel, templates prêts à l’emploi pour relais, capteurs I²C, PWM LED.
- Bluetooth : encore inactif sur Pico W, les automatismes de présence Home Assistant s’appuient donc plutôt sur Wi-Fi ou sur un dongle RF externe.
Conformité électrique et normes domotiques
Le microcontrôleur fonctionne en basse tension 3,3 V, mais les projets domotiques touchent souvent le 230 V. En France, toute extension sur le réseau domestique doit rester dans le cadre de la norme NFC 15-100. Concrètement : relais ou contacteurs dans un coffret DIN, sectionneur différentiel dédié si la charge dépasse 16 A, câbles repérés par couleur et bornes protégées. Le Pico W reste hors du tableau, isolé par un optocoupleur ou un SSR, comme le FOD-817 conseillé par Electrocredible.
Pour l’alimentation, un bloc 5 V certifié CE et EN 62368-1 évite les bricolages. Les circuits imprimés maison doivent respecter une distance de fuite de 6 mm entre pistes basses et hautes tensions. Enfin, toute passerelle radio tombe sous la Directive RED. Les modules CYW43439 intégrés au Pico W répondent déjà aux exigences CE, il suffit de conserver l’antenne intégrée libre de tout blindage métallique et de mentionner la classe 2 sur la déclaration de conformité du produit final.
- Surtension : varistance 275 V et fusible temporisé en tête de ligne.
- Isolation : relais 250 V catégorie C, optocoupleurs ≥ 3 kV.
- Boîtier : IP20 minimum en intérieur, auto-extinguible UL94 V-0.
- Tests finaux : contrôle de continuité de terre, mesure d’isolement 500 V.
Ressources, guides et boutiques pour aller plus loin
Documentation officielle Raspberry Pi et GitHub
Le centre de gravité de la documentation Raspberry Pi Pico W se trouve sur le portail officiel : raspberrypi.com/documentation/microcontrollers. On y télécharge le PDF « Getting Started with RP2040 », les feuilles de données du RP2040 et du CYW43439, ainsi que le SDK C / C++, le guide MicroPython et la table d’allocation des broches. Les sections “Wi-Fi” et “power saving” répondent directement aux questions de connexion et de consommation vues plus haut.
Pour le code, GitHub reste incontournable :
- pico-examples : tous les exemples CSDK dont le client MQTT et le serveur HTTP.
- micropython : sources, docs en ligne et issues pour le firmware officiel.
- pico-sdk : le cœur des API bas niveau, Wi-Fi et bascule en veille comprise.
- pico-extras : pilotes additionnels, dont l’exemple Soft-AP.
- Forum Raspberry Pi : retours terrain, correctifs et bibliothèques communautaires.
Où acheter le Pico W et accessoires en France
Le prix public conseillé reste calé à 6 € HT pour la carte nue. En France, le distributeur officiel est Kubii, souvent le mieux loti en stock. Pour les makers pressés, Amazon, Gotronic ou Lextronic livrent sous 48 h, tandis que Farnell et Mouser ciblent plutôt les commandes en volume.
- Kubii : Pico W nu, pack “starter” avec breadboard, et kits domotiques 4 relais.
- Gotronic : version header pré-soudé, boîtiers plastique et adaptateur Li-Po.
- Lextronic : bundles capteurs BME280, PIR, écran OLED et connectique Dupont.
- Mouser / Farnell : bobines de connecteurs, modules CYW43439 de rechange, tarifs dégressifs.
- Amazon FR : offres Prime avec micro-USB, breadboard et set de résistances, pratique pour un premier montage.
Pour les accessoires pointus (shield PoE, carte LoRa, relais 30 A), direction Tindie ou Pi-Hut UK, livrés sans frais de douane sous 150 €. Avant tout achat, vérifier que les alimentations 5 V possèdent le marquage CE et qu’un optocoupleur isole bien les relais 230 V lorsque vous pilotez le réseau domestique.
Avec ses deux cœurs dissociés de la radio, son Wi-Fi certifié et un prix plancher, le Raspberry Pi Pico W fait passer l’objet connecté du prototype au module domotique prêt à encaisser les contraintes du tableau électrique. Reste une inconnue : quand la pile Bluetooth sera ouverte, assisterons-nous à un maillage maison qui additionnera capteurs, délestage et suivi énergétique pièce par pièce ? Ceux qui adoptent la carte dès maintenant prendront une longueur d’avance sur la prochaine vague d’automatismes sobres et sécurisés.