Entre radiateurs qui chauffent pour personne et voyants de veille qui ne dorment jamais, des centaines d’euros se volatilisent chaque année dans les foyers français. La maison intelligente promet de reprendre la main grâce à un trio discret : thermostat connecté, éclairage LED piloté et prises capables de couper le jus au bon moment. Avant de franchir le pas, il vaut mieux savoir où part vraiment votre argent et jusqu’où ces technologies peuvent le retenir.
Comprendre la facture énergie avant la maison intelligente
Chauffage, éclairage, veilles, où part votre argent
Dans la majorité des logements français, le chauffage engloutit la plus grosse part du budget énergie. Radiateurs électriques, chaudières gaz ou pompes à chaleur tournent plusieurs mois sans interruption, souvent surdimensionnés ou mal réglés. Vient ensuite l’éclairage : encore 30 % des pièces restent équipées d’ampoules halogènes ou fluocompactes, nettement moins performantes que les LED modernes. À la troisième marche du podium se cachent les appareils en veille. Consoles, box internet, TV connectées, machines à café gardent une petite LED allumée H24, un détail qui finit par représenter l’équivalent d’un réfrigérateur supplémentaire dans l’année. Tant que ces trois postes ne sont pas maîtrisés, chaque geste d’économie ressemble à un pansement sur une jambe de bois.
Chiffres clefs consommation des foyers français
- 45 % de l’énergie dépensée par un foyer part dans le chauffage, selon les dernières données compilées par l’Ademe.
- 25 % concerne l’éclairage et les usages électroniques (ordinateurs, smartphones). Ce ratio grimpe dans les maisons encore équipées d’ampoules halogènes.
- 15 % revient à l’électroménager lourd, principalement le froid (réfrigérateur, congélateur) et le lavage.
- 10 % disparaît dans l’eau chaude sanitaire et les fuites d’eau ou de chaleur, un poste trop souvent occulté sur la facture.
- Entre 80 € et 150 € par an s’évaporent via les veilles cachées, soit 5 à 10 % de la consommation électrique.
- Plus d’un ménage sur deux possède déjà au moins un équipement connecté, mais seulement un sur quatre pilote réellement sa dépense, d’où l’écart persistant entre potentiel d’économie et résultat réel.
Maison intelligente, principe et bénéfices immédiats
Thermostat connecté, levier d’économie majeur
Thermostat connecté fait rarement long feu après installation : son auto-apprentissage du rythme du foyer coupe le chauffage quand la maison est vide et le relance juste avant le retour des occupants. Les études ADEME et Energy Star convergent, l’économie oscille entre 15 % et 30 % sur la ligne « chauffage », soit 200 à 400 euros par an pour un pavillon tout électrique. Pilotable depuis un smartphone ou une enceinte vocale, le dispositif s’appuie sur des capteurs de présence, la météo locale et parfois l’IA pour affiner la température pièce par pièce. Le retour sur investissement tombe alors sous les deux hivers, surtout dans les régions où le chauffage représente près de la moitié de la facture.
Éclairage LED intelligent, lumière à moindre coût
Remplacer les halogènes par des ampoules LED connectées divise déjà la dépense lumineuse par cinq. Le pilotage pièce par pièce, la programmation horaire et la détection de mouvement font encore chuter la consommation, jusqu’à 80 % en moins qu’une ampoule incandescente. Scénarios prédéfinis pour l’ambiance cinéma, extinction automatique des pièces inoccupées, ajustement de l’intensité selon la lumière du jour : chaque fonctionnalité gagne quelques watts qui, cumulés, finissent par peser sur la facture.
Prises pilotées et suppression des veilles cachées
Console de jeu, cafetière, box TV, ces appareils aspirent discrètement 5 % à 10 % de l’électricité d’un logement même éteints. Les prises ou multiprises intelligentes coupent l’alimentation à la minute où l’appareil passe en veille. L’utilisateur peut créer un « couvre-feu électrique » depuis l’application : tout ce qui n’est pas vital se déconnecte la nuit ou lors d’une absence prolongée. Un tableau de bord liste en euros l’énergie économisée, idéal pour repérer les gouffres cachés.
Volets et stores intelligents pour réguler la chaleur
En été, baisser les volets avant le pic solaire réduit l’appel à la climatisation ; en hiver, les ouvrir dès l’aube capte les apports gratuits du soleil. Les volets roulants et stores intelligents se synchronisent avec la météo et la température intérieure. Couplés à un capteur de luminosité, ils complètent le thermostat en limitant les déperditions ou les surchauffes. Résultat : moins de kilowattheures dépensés pour chauffer ou refroidir et un confort thermique plus constant.
Capteurs eau, détecter fuites et surconsommations
Un joint défaillant sous l’évier ou un chasse‐eau qui coule représente des dizaines de mètres cubes perdus chaque année. Un capteur d’eau connecté installé sur l’arrivée générale ou sous les points sensibles repère la fuite au premier goutte-à-goutte. L’application prévient le résident en temps réel, dans certains cas déclenche la coupure automatique de l’arrivée. Les modèles les plus avancés mesurent aussi les volumes d’eau chaude consommés, précieux pour affiner le réglage du chauffe-eau et traquer les abus.
Combien pouvez-vous économiser, données et retours
Estimations d’économies par type d’équipement
Les fabricants annoncent des chiffres flatteurs, mais les retours d’usage confirment déjà des gains solides. Sur le poste chauffage, un thermostat intelligent pilotant des radiateurs électriques ou une chaudière gaz fait tomber la dépense annuelle de 15 % à 30 %. Pour un foyer moyen tout électrique, cela représente 180 € à 360 € en moins sur la facture. Côté éclairage, passer à des ampoules LED connectées divise la consommation par quatre à cinq : –70 % à –80 % comparé à une ampoule incandescente, environ 60 € économisés chaque année pour une maison standard. Les prises pilotées coupent les veilles cachées des box TV, consoles et chargeurs, un geste trop souvent négligé : –5 % à –10 % sur la consommation globale, de 50 € à 100 € selon l’équipement. Enfin, capteurs d’eau et électrovannes préservent le portefeuille face aux fuites invisibles, jusqu’à 70 m³ évités sur une année, soit 200 € sur la facture d’eau.
Si l’on additionne ces postes, un pack smart home basique (thermostat, ampoules LED, multiprises connectées) atteint rapidement 20 % d’économie globale. Dans les logements mal isolés, le pourcentage est souvent plus élevé car l’algorithme compense les pertes de chaleur en affinant les plages de chauffe pièce par pièce.
Étude de cas maison connectée, un an après
Famille C., pavillon de 115 m² à Tours, chauffage électrique convecteurs plus ballon d’eau chaude. Budget de départ : 920 € pour un thermostat auto-apprenant, dix ampoules LED Zigbee, quatre prises connectées et deux capteurs d’ouverture pour la gestion des volets roulants. La consommation d’électricité relevée par le compteur Linky affiche sur douze mois :
- chauffage : 6 100 kWh → 4 800 kWh (-21 %)
- éclairage : 850 kWh → 290 kWh (-66 %)
- équipements en veille : 510 kWh → 400 kWh (-22 %)
Au total, la facture passe de 1 560 € à 1 220 €, soit 340 € d’économies, pour un retour sur investissement inférieur à trois ans. Les relevés montrent aussi une meilleure stabilité thermique : la température moyenne varie de 0,6 °C contre 1,8 °C avant installation, confort largement salué par les occupants.
Réduction CO2, impact environnemental positif
En France, chaque kilowattheure électrique évité se traduit par 35 à 80 g de CO₂ non émis selon la saison. Les 2 360 kWh économisés dans la maison C. représentent environ 120 kg de CO₂ évités, l’équivalent de 1 000 km parcourus en voiture thermique. À l’échelle nationale, l’ADEME estime qu’une généralisation des thermostats intelligents ferait baisser les émissions de 2,3 millions de tonnes de CO₂ par an, autant que les rejets annuels d’une ville comme Lyon. Autrement dit, chaque foyer équipé pèse peu, mais la multiplication des installations transforme la courbe des émissions tout en allégeant la facture.
Budget, ROI et aides pour passer à la domotique
Prix des kits smart home et installation
Un thermostat connecté de marque reconnue coûte entre 150 et 250 €, auquel on ajoute souvent 80 à 120 € de bridge ou de passerelle radio. Les kits « starter » combinant thermostat, deux ampoules LED et trois prises pilotées se négocient autour de 350-600 €. Pour une maison complète, comptant une douzaine de lampes, six volets, la gestion de l’eau et un tableau d’énergie, le ticket matériel frôle 1 500 à 3 000 €. Côté main-d’œuvre, un électricien facture en moyenne 50 € de l’heure : prévoyez 200 à 500 € pour paramétrer un pack de base, 1 000 € et plus pour une installation globale avec réseau Zigbee ou Matter maillé.
Le retour sur investissement reste rapide. Un logement chauffé à l’électricité et équipé d’un thermostat intelligent engrange souvent 270 à 540 € d’économies annuelles, soit un amortissement en moins de deux hivers. L’éclairage LED piloté et les prises anti-veille complètent la photo : 80 à 120 € d’économies par an, ce qui ramène le ROI d’un kit d’entrée de gamme à 3 ans environ. Chaque équipement supplémentaire rallonge la note, mais raccourcit aussi le délai de retour dès lors qu’il touche au chauffage ou à la climatisation, postes les plus énergivores.
MaPrimeRénov, CEE, primes et crédits d’impôt
Les aides publiques ciblent d’abord la régulation du chauffage. Un thermostat intelligent avec programmation et détection de présence ouvre droit à une prime MaPrimeRénov dont le montant varie selon les revenus, en moyenne 60 à 180 €. Les Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), versés par les fournisseurs, ajoutent 50 à 100 € pour le même matériel, parfois plus si la maison se situe en zone très froide. Les deux aides sont cumulables, à condition de passer par un installateur RGE et de conserver les factures pendant cinq ans.
S’ajoutent la TVA réduite à 5,5 % sur les équipements reconnus « d’économie d’énergie » et, pour les retraités ou personnes handicapées, un crédit d’impôt autonomie couvrant jusqu’à 25 % de certains dispositifs de pilotage à distance. Résultat, le coût d’un thermostat descendu autour de 100 € devient souvent neutre la première année, tandis qu’un pack domotique à 2 000 € peut être subventionné à hauteur de 15 % à 20 % du montant global.
Label Energy Star, garantie d’efficacité énergétique
Le logo Energy Star Smart Home Energy Management System (SHEMS) sert de repère fiable pour choisir un écosystème vraiment économe. Pour l’obtenir, le fabricant doit proposer un trio minimal : thermostat certifié, éclairage LED connecté et prises intelligentes capables d’éteindre totalement la veille. Le système doit aussi offrir le contrôle à distance, des rapports de consommation clairs et un mode absence automatique.
Pourquoi viser ce label ? Les tests indépendants montrent un surplus d’économies de 5 % à 10 % par rapport à des produits non certifiés équivalents, grâce à l’auto-apprentissage et aux scénarios préconfigurés. Certains fournisseurs d’énergie appliquent même un bonus sur leurs primes CEE quand l’équipement porte le logo Energy Star. De quoi abaisser encore un peu le coût final tout en sécurisant la performance sur la durée.
Guide pas à pas pour transformer son logement
Audit énergétique et choix des priorités
Avant d’empiler les objets connectés, on commence par un audit énergétique. Relevez la consommation des douze derniers mois : kWh pour l’électricité, mètres cubes pour le gaz ou l’eau. Confrontez ces chiffres aux références ADEME logement similaire, l’écart pointe directement les postes énergivores. Dans une maison individuelle, le chauffage pèse en moyenne 45 % des dépenses, l’éclairage 25 %. En appartement récent, la ventilation mécanique ou le chauffe-eau peut prendre la tête. Cette photo fait ressortir les « quick wins » : thermostat intelligent si le chauffage dérape, LED connectées si l’éclairage reste en halogène, prises pilotées quand la facture gonfle la nuit à cause des veilles.
Un tableur suffit pour classer les priorités selon trois critères : gain potentiel estimé, coût d’achat et complexité d’installation. On obtient une matrice simple : à mettre en œuvre d’abord, à planifier plus tard ou à oublier. Les foyers qui suivent cette méthode divisent en général par deux la liste d’achats, donc le budget initial.
Sélectionner un écosystème Matter compatible
Matter, le nouveau standard d’interopérabilité promu par Apple, Google, Amazon et la CSA, règle enfin la question du « ça marchera avec quoi ». Cherchez le logo Matter sur le packaging ou la fiche produit. Pour composer un écosystème cohérent, trois points à vérifier :
- Le contrôleur principal : box internet récente, enceinte connectée ou pont dédié Thread. Il servira de « border router » pour tous les équipements Thread et Wi-Fi.
- La couverture réseau : Thread maillé pour les lampes et capteurs, Wi-Fi pour les appareils gourmands (caméra, four, borne de recharge).
- Les passerelles pour l’existant : un pont Zigbee ou Z-Wave peut faire remonter d’anciens capteurs vers Matter, évitant de remplacer tout le parc.
Tant que le socle respecte ces trois exigences, libre ensuite de panacher les marques. L’important reste la mise à jour régulière du firmware, souvent ignorée par les fabricants low-cost.
Installation et paramétrage des appareils
On débute toujours par le contrôleur, puis on ajoute les appareils du plus simple au plus complexe. LED connectées, prises murales, puis thermostat et vannes de radiateur intelligentes. La procédure Matter passe par un QR code, l’application génère automatiquement le réseau maillé et affecte chaque objet à une pièce. Gardez le nommage clair : « Salon-Lampe-Est » plutôt que « Lampe 1 ».
Une fois la cartographie en place, programmez des routines sobres : température cible 19 °C la journée, 17 °C la nuit, extinction générale de l’éclairage à 23 h, coupure des veilles à 1 h. Pas besoin d’IA pour commencer : ces règles simples offrent déjà jusqu’à 20 % d’économie sur la première facture. Testez ensuite les déclencheurs de présence (capteur PIR) ou de géolocalisation smartphone.
Suivi de consommation et ajustements continus
La plupart des contrôleurs affichent un tableau de bord en kWh, par pièce et par appareil. Calibrez ce suivi sur le cycle de facturation du fournisseur pour un avant-après lisible. Quand la courbe ne descend pas malgré les routines, inspectez les pics : électroménager en fin de vie ou radiateur mal purgé figurent souvent les coupables.
Un calendrier saisonnier optimise ensuite les réglages : chauffage relâché au printemps, climatisation surveillée l’été, arrosage piloté selon la météo. Pensez à activer les alertes quand la dépense quotidienne dépasse de 10 % la moyenne des sept derniers jours : un message push vaut mieux qu’une mauvaise surprise sur la facture.
Enfin, consacrez dix minutes par mois à la mise à jour firmware et au nettoyage des scénarios obsolètes. Une smart-home vit, elle s’adapte. Cette discipline, additionnée aux gains techniques, maintient l’économie dans la durée.
Cybersécurité, protéger sa maison connectée
Bases réseau, mises à jour et mots de passe forts
Un thermostat piraté qui ouvre la porte au reste du réseau, c’est la menace la plus courante dans une smart-home. Première ligne de défense : le routeur. Activez le chiffrement WPA3, créez un réseau invité dédié aux objets connectés, coupez l’administration à distance et gardez le firmware du routeur à jour. Les ponts Zigbee, Thread ou Matter profitent eux aussi d’un correctif logiciel régulier : vérifiez que l’option « mise à jour automatique » est cochée dans l’application.
- Changez immédiatement les identifiants par défaut et optez pour une passphrase d’au moins 12 caractères (lettres, chiffres, symbole).
- Un compte cloud, une clé d’API ? Ajoutez l’authentification à deux facteurs.
- Séparez le réseau maison (PC, NAS) du réseau IoT pour limiter la casse en cas d’intrusion.
- Planifiez un audit annuel : liste des appareils, versions logicielles, ports ouverts.
- Gardez une copie de configuration sur clé USB hors ligne avant toute mise à jour majeure.
Ces réflexes valent mieux qu’un antivirus premium. Les fabricants annoncent tous un chiffrement « de bout en bout » mais rien ne remplace une structure réseau propre et des mots de passe solides, uniques et gérés par un coffre numérique.
Gestion des données personnelles et consentements
Thermostats, prises, volets, caméra, chaque capteur génère un journal précis de vos habitudes, courtisé par les régies publicitaires. Le Règlement général sur la protection des données impose un consentement explicite, encore faut-il le paramétrer. Dans l’app, cherchez la rubrique « confidentialité » puis désactivez le partage pour la publicité, activez l’effacement automatique après 30 jours et téléchargez régulièrement une copie de vos données pour contrôle.
- Consentement granulaire : autorisez la collecte nécessaire à l’optimisation énergétique, refusez la revente à des tiers.
- Stockage local : certains hubs permettent de conserver l’historique chez vous, sur carte SD ou NAS. Priorisez cette option.
- Droits d’accès : révoquez mensuellement les autorisations inutiles accordées aux assistants vocaux ou aux services d’automatisation.
- Chiffrement de bout en bout : vérifiez que le fabricant publie la méthode de chiffrement et propose la transparence de code pour la couche sécurité.
En cas de changement de fournisseur d’énergie ou de revendeur d’objets connectés, effacez l’historique associé avant de céder ou recycler l’équipement. La domotique procure des économies réelles, sous réserve de garder la maîtrise de vos données comme de votre réseau.
Futur des maisons intelligentes et énergie
IA et machine learning pour automatisation fine
IA domestique rime désormais avec pilotage énergétique granulaire. Les capteurs de présence, la météo minute par minute et l’historique de vos habitudes nourrissent des modèles capables d’anticiper la demande pièce par pièce. Concrètement, le chauffage baisse de deux degrés dès que la dernière personne quitte le salon, puis remonte juste avant le retour prévu, sans que l’utilisateur touche à son appli. Les fournisseurs d’électricité expérimentent déjà des API qui transmettent le signal tarifaire horaire afin que l’algorithme reporte la mise en marche du lave-linge ou la charge d’un ballon d’eau chaude sur les créneaux les moins chers.
Les études pilotes pointent un gain additionnel de 5 à 10 % sur la facture quand l’auto-apprentissage vient s’ajouter aux scénarios programmés manuellement. Au-delà des économies, le machine learning détecte les dérives : une résistance qui tourne anormalement long ou un compresseur de frigo plus bruyant que d’habitude déclenche une alerte avant la panne. Le standard Matter, compatible avec les principales box, facilite la circulation des données entre marques et évite le syndrome de l’écosystème fermé, condition pour que l’IA exploite tout le parc d’appareils.
Solaire résidentiel et batteries couplées au smart home
Le coût du photovoltaïque résidentiel a chuté, rendant viable l’autoconsommation. Branché à un système de gestion domestique, chaque watt produit sur le toit est dispatché selon une logique de priorité : d’abord les appareils indispensables en fonctionnement immédiat, ensuite la charge d’une batterie domestique quatre à dix kilowatt-heures, enfin l’injection sur le réseau si les deux premiers canaux sont saturés. Le logiciel calcule la fenêtre idéale pour le lave-vaisselle ou la pompe de piscine afin d’absorber le pic solaire de midi plutôt que de tirer sur le réseau à 19 h.
Le couple panneaux + stockage sécurisé par des onduleurs connectés offre une autonomie électrique de 30 à 60 % sur l’année selon l’orientation et la région. Branché à Internet, l’ensemble participe aux appels de flexibilités des gestionnaires de réseau : la batterie restitue quelques kilowatt-heures lors d’une pointe hivernale et le foyer est rémunéré. À l’échelle d’un quartier, ces micro-réserves forment une centrale virtuelle qui lisse la courbe de charge, atout décisif pour intégrer davantage de renouvelable sans renforcement coûteux des lignes.
Voiture électrique et recharge bidirectionnelle V2H
Le garage devient lui aussi une pièce du puzzle énergétique. Avec la recharge bidirectionnelle V2H (vehicle to home), la batterie de la voiture alimente la maison lorsqu’elle est stationnée. Un berline de 60 kWh peut couvrir deux à trois jours de consommation moyenne hors chauffage. La borne communique avec le gestionnaire de la maison pour choisir la stratégie : décharge en soirée quand le tarif grimpe, recharge en nuit creuse ou sur le solaire de la mi-journée. L’utilisateur fixe un seuil minimal pour garantir l’autonomie du trajet du lendemain.
Les premiers retours terrain évoquent jusqu’à 200 euros par an de revenus nets grâce au V2H, auxquels s’ajoutent les kWh évités lors des pointes tarifaires. Les constructeurs, de Nissan à Hyundai, déploient des modèles compatibles, tandis que la norme ISO 15118 sécurise les échanges de données entre la voiture, la borne et le système domotique. Lorsque la réglementation nationale autorisera la revente d’énergie vers le réseau (V2G), la voiture deviendra une source de revenus supplémentaires, renforçant le rôle pivot du véhicule électrique dans l’écosystème énergétique domestique.
FAQ maisons intelligentes et économies d’énergie
Quelle économie réelle attendre
Thermostat intelligent : la littérature technique et les retours terrain convergent vers une baisse de 15 % à 30 % sur la ligne chauffage, première dépense énergétique d’un foyer. Sur une facture annuelle de 1 200 euros dédiée au chauffage, le gain se situe donc entre 180 et 360 euros.
Éclairage LED connecté : en remplaçant des ampoules halogènes ou incandescentes par des LED pilotables, la consommation d’électricité pour l’éclairage chute jusqu’à 80 %. Pour un poste de 150 kWh par an, la différence atteint 120 kWh, soit près de 25 euros aux tarifs actuels.
Prises et multiprises coupant les veilles : compter 5 % à 10 % de la consommation électrique hors chauffage. Sur une facture de 600 kWh, l’économie s’établit autour de 30 à 60 kWh, l’équivalent d’un mois d’usage d’un réfrigérateur performant.
En cumulant ces trois postes, la maison connectée fait descendre la facture globale de 15 % à 25 %. Le retour sur investissement se situe généralement entre deux et quatre ans selon le niveau d’équipement et le tarif de l’énergie.
Compatibilité avec radiateurs existants
Les radiateurs électriques à fil pilote, majoritaires dans les installations post-1995, se pilotent directement via un module relais à clipser dans le tableau ou via un thermostat connecté dédié. Les modèles « convecteur » ou panneaux rayonnants plus anciens acceptent aussi ce pilotage fil pilote, sous réserve de vérifier l’étiquette de branchement.
Pour les radiateurs à eau chaude, le remplacement des têtes manuelles par des têtes thermostatiques connectées suffit. Elles se vissent sur la plupart des robinets au pas M30×1,5. Des bagues d’adaptation existent pour les marques exotiques. Une passerelle radio (Zigbee, Thread ou Z-Wave) relaie alors les consignes au thermostat central.
Les rares appareils totalement dépourvus d’interface peuvent être contrôlés par un relais on/off dans le tableau, mais cette option fait perdre la modulation fine de température. Dans ce cas, un changement d’équipement ou l’ajout d’un thermostat d’ambiance radio reste la voie la plus efficace.
Apps indispensables pour piloter la consommation
- Application fabricant : indispensable pour la configuration initiale et les mises à jour du thermostat, des ampoules ou des prises.
- Tableau de bord énergie Linky : gratuit, il affiche la courbe de charge quotidienne en pas de 30 minutes et aide à repérer les pics anormaux.
- Energy Star Smart Home Manager ou équivalent français sherpa : agrège les données de plusieurs marques, calcule le coût en euros et propose des éco-scénarios.
- Home Assistant (open source) : pour qui veut croiser production solaire, charge du véhicule électrique et chauffage dans un seul tableau, avec une logique d’automatisation avancée.
Le couple « app fabricant + agrégateur multisource » couvre 95 % des besoins, des alertes de surconsommation aux rapports mensuels.
Risques en cas de panne d’internet
La majorité des thermostats, ampoules et prises communiquent en local via Zigbee, Thread ou Bluetooth. Sans internet, les programmations enregistrées dans la passerelle continuent donc à s’exécuter. La température reste régulée, les scénarios d’éclairage du soir se déclenchent, la coupure des veilles persiste.
Les limites apparaissent sur le contrôle à distance et les services cloud : suivi en temps réel sur smartphone, ajustement météo, mises à jour logicielles et optimisation IA. Pour un arrêt provisoire du réseau, l’impact se résume à la perte de visibilité et non à une hausse brutale de consommation.
Un routeur 4G de secours ou le partage de connexion du téléphone peut redonner la main en quelques secondes. Dernier filet : tous les équipements restent activables manuellement via les interrupteurs physiques ou le thermostat mural, garantissant la continuité de service en attendant le retour du web.
Abaissement de la facture, confort renforcé, empreinte carbone allégée, la maison connectée prouve qu’électronique et sobriété peuvent avancer main dans la main. Reste une interrogation : quand chaque foyer pilotera ses radiateurs, ses volets et sa voiture comme un mini réseau, le véritable basculement ne viendra-t-il pas des quartiers entiers capables de s’autoréguler et de vendre leurs kWh excédentaires ? Les acteurs de l’énergie se préparent déjà à cette nouvelle donne, aux habitants désormais de prendre la télécommande.