La ruée vers la voiture électrique donne un nouveau poids à la prise domestique et la question n’est plus de savoir si la maison doit être connectée, mais comment garder la main sur chaque kilowatt. Portée par plus de 11 000 passionnés, la communauté HACF mise sur Home Assistant pour orchestrer éclairage, chauffage et recharge sans dépendre d’un cloud payant ni d’un fabricant unique, accélérant du même coup les économies d’énergie. Entre wiki collaboratif, webinaires et achats groupés, cette approche ouverte casse les barrières techniques et tarifaires, un sujet décisif que nous avons examiné en détail.
HACF, la communauté francophone de la domotique ouverte
Mission et services HACF pour les utilisateurs Home Assistant
Plus de 11 000 membres se retrouvent sous la bannière HACF pour faire vivre la domotique libre. L’association articule son action autour de trois piliers : rassembler la communauté, produire de la documentation francophone et accompagner les utilisateurs de Home Assistant dans leurs projets quotidiens, du simple scénario d’éclairage aux automatismes de recharge pour véhicule électrique.
Les services sont aussi concrets qu’accessibles :
- Forum et Discord animés jour et nuit avec des salons dédiés énergie, IRVE, YAML.
- Wiki collaboratif regroupant guides pas à pas, modèles de dashboards et intégrations testées.
- Webinaires mensuels avec démonstrations en direct et sessions de questions-réponses.
- Achats groupés de modules Zigbee, cartes EVSE ou sondes de consommation négociés à prix coûtant.
- Fonds de développement, alimenté par la cotisation symbolique de 2 €, qui finance serveurs, traductions et pull requests Home Assistant.
Pourquoi rejoindre une association open source
Choisir HACF, c’est d’abord sécuriser son indépendance technologique. Une solution ouverte comme Home Assistant évite toute dépendance à un fabricant : changer de marque de capteur, de box ou de borne ne remet plus en cause l’automatisation existante. En soutenant l’association, les adhérents défendent ce modèle, assurent la traduction francophone du logiciel et disposent d’un relais direct auprès des développeurs.
L’adhésion ouvre surtout la porte à un vivier de compétences. Électriciens, data scientists, makers partagent leurs retours d’expérience, publient leurs schémas de tableau ou leurs scripts d’équilibrage de charge. Chaque contribution s’ajoute au socle commun, enrichissant le wiki et accélérant l’apprentissage collectif.
Enfin, HACF fonctionne en gouvernance associative. Les décisions budgétaires sont votées en assemblée, les comptes sont publiés et aucun service n’est monétisé au-delà de la cotisation. L’utilisateur reste propriétaire de ses données comme de ses choix d’équipement, tout en s’appuyant sur la force du collectif pour innover et évoluer.
Domotique ouverte ou systèmes propriétaires pour la maison connectée
Évolutivité et interopérabilité des solutions open source
Une plateforme open source repose sur du code public et des protocoles ouverts. Résultat, la feuille de route n’est pas dictée par un service marketing mais par les besoins réels des utilisateurs. Home Assistant en est l’exemple phare : une mise à jour hebdomadaire, plus de 2 000 intégrations, du Zigbee au Modbus en passant par OCPP pour la borne de recharge. Quand un nouveau capteur ou un chargeur arrive sur le marché, la communauté publie souvent un composant beta avant même que le fabricant n’en parle. L’utilisateur garde son matériel plus longtemps, ajoute une wallbox puis un onduleur photovoltaïque sans changer de cœur domotique.
Ce bouillonnement communautaire se mesure : plus de 11 000 francophones échangent déjà sur HACF, testent des firmwares DIY comme DomBusEVSE ou partagent des automatismes « si soleil > 3 kW, lance la charge ». Rien n’est figé, tout s’empile comme des briques Lego. Et si un standard évolue, un simple update logicielle suffit là où un système fermé impose parfois de remplacer le hub.
Atouts concrets d’une approche ouverte
- interopérabilité native grâce à MQTT, REST ou WebSocket, donc pas de passerelle propriétaire
- évolutivité illimitée, l’utilisateur choisit ses modules selon le budget ou le design
- transparence sur la sécurité, les correctifs sont publics et rapides
- automatisations sur mesure pour l’énergie, la mobilité ou la qualité de l’air
Coûts cachés et limites des écosystèmes fermés
À première vue le pack « tout-en-un » vendu par une marque connue semble rassurant : une box, une appli, quelques accessoires. La facture grimpe pourtant vite. Selon l’étude CB-Domotique, six systèmes propriétaires sur dix bloquent les périphériques tiers, obligeant à acheter les modules siglés de la marque. Il faut parfois souscrire un abonnement mensuel pour le stockage cloud ou le pilotage à distance, un comble lorsque le smart home doit justement faire économiser de l’argent.
La borne de recharge illustre bien ces écueils : certaines wallbox cloud imposent un forfait pour suivre la consommation ou programmer les heures creuses, des fonctions gratuites avec une solution ouverte. D’autres refusent le dialogue OCPP, rendant impossible un load balancing global avec le chauffe-eau ou la pompe à chaleur. En cas d’arrêt de service par le fabricant, l’utilisateur se retrouve avec un boîtier muet fixé au mur.
- dépenses récurrentes (licence, abonnement premium, accessoires propriétaires)
- cycle de vie contraint par le fabricant : plus de mise à jour, plus de compatibilité
- dépendance au cloud externe, perte de fonctions hors connexion internet
- revente du matériel compliquée, le nouvel acheteur doit créer un compte dans l’écosystème fermé
Entre liberté logicielle et prison dorée, le choix touche autant le porte-monnaie que la pérennité des équipements. La tendance du marché va vers l’ouverture, portée par la vague MQTT, OCPP et Matter, laissant les solutions verrouillées sous la pression d’utilisateurs de plus en plus exigeants.
Standards OCPP, Modbus et MQTT pour la borne de recharge
Tableau comparatif des protocoles de communication EVSE
Trois langages règnent sur le dialogue entre une borne et le reste de la maison. Le tableau suivant résume leurs points forts et leurs limites pour un usage résidentiel.
Critère | OCPP 1.6/2.0 | Modbus RTU/TCP | MQTT |
---|---|---|---|
Fonction | Pilotage complet des sessions de charge, supervision, facturation | Lecture / écriture de registres bas niveau (tension, courant, état relais) | Bus messages publish/subscribe, pont vers OCPP ou API domotique |
Couche transport | WebSocket TCP chiffré TLS | RS-485 ou TCP non chiffré, ajout TLS possible | TCP ou WebSocket, SSL/TLS natif |
Interopérabilité marché | > 85 % des wallbox récentes, back-ends open source et SaaS | Historique industrie, nombreux convertisseurs, peu de back-ends EV | Soutenu par la domotique (Home Assistant, OpenHAB) via broker |
Complexité mise en œuvre | Moyenne, nécessite serveur OCPP ou cloud | Faible, simple mapping registres, documentation parfois parcellaire | Faible, topic clair, scriptable |
Fonctions avancées | Load balancing, réservation, paiement, firmware OTA | Aucune fonction métier EV, à coder côté superviseur | Scénarios domotiques, notifications temps réel, passerelles multiples |
Licence | Spécification ouverte, pas de redevance | Norme ouverte | Standard OASIS ouvert |
Comment OCPP simplifie l’intégration d’une wallbox maison
Une wallbox parlant OCPP expose déjà un ensemble d’ordres haut niveau : démarrer ou arrêter la charge, limiter l’intensité, remonter les kWh consommés, envoyer les alertes. Les plateformes domotiques comme Home Assistant n’ont plus qu’à dialoguer avec un serveur OCPP, local ou cloud, plutôt que de manipuler des registres obscurs. Résultat : configuration graphique, historiques automatiques et automatisations prêtes à l’emploi.
Le protocole gère nativement l’authentification et le chiffrement TLS. Pas besoin de VPN ni de bricolage, la borne ouvre un WebSocket sortant vers le superviseur, ce qui évite les redirections de ports. Pour la maison équipée de panneaux solaires ou soumise à une limite d’abonnement, la fonction Smart Charging d’OCPP autorise un ajustement dynamique de la puissance: Home Assistant calcule la marge disponible, envoie un ChangeConfiguration
et la borne s’adapte en une seconde.
OCPP vit bien aux côtés de MQTT. De nombreux projets communautaires publient en MQTT les données reçues d’OCPP, rendant la charge visible dans la même interface que le chauffage ou les capteurs Zigbee. Cette passerelle, couplée au taux d’adoption massif des constructeurs, fait d’OCPP l’option la plus directe pour qui veut une recharge vraiment connectée sans se lier à un écosystème fermé.
Choisir sa borne de recharge domestique, critères clés
Puissance 7,4 kW ou 11 kW, quel dimensionnement
La question se pose dès l’achat. La borne 7,4 kW en monophasé couvre déjà l’immense majorité des usages résidentiels : un plein de 50 kWh se fait en 7 à 8 heures, idéal pour la nuit. Cette puissance suffit tant que le tableau électrique reçoit une alimentation 9 kVA ou 12 kVA, l’abonnement le plus courant. 11 kW en triphasé accélère la recharge (4 à 5 heures pour la même batterie) mais impose trois phases disponibles et un contrat 15 kVA minimum. Les critères de choix :
- Type de raccordement existant : monophasé, la bascule vers 11 kW requiert l’intervention d’Enedis et un surcoût d’abonnement.
- Taille de batterie et kilométrage quotidien : rouler 80 km par jour ou plus rapproche l’intérêt d’une borne 11 kW.
- Puissance simultanée des autres postes (chauffage, cuisson, PAC) : si la maison dépasse déjà 7 kW en pointe, le triphasé évite les délestages trop fréquents.
- Évolutivité : deux véhicules électriques à l’horizon ? 11 kW apporte du confort, à condition d’intégrer un load balancing.
Budget installation IRVE et aides financières
Les chiffres relevés auprès d’installateurs qualifiés IRVE convergent : une borne 7,4 kW coûte entre 1 200 et 1 800 €, pose comprise, quand le 11 kW frôle souvent 2 300 € à cause du câblage triphasé, du disjoncteur différentiel type B et du temps de main-d’œuvre supplémentaire. Les postes clés :
- Borne et accessoires (support, câble) : 500 à 1 000 €.
- Protections au tableau : 250 à 400 €.
- Tirage de ligne, percement, mise en service : 400 à 700 €.
- Option pilotage OCPP ou modbus intégré : +100 à 250 €.
Le budget final peut être réduit grâce aux dispositifs suivants :
- Crédit d’impôt pour la transition énergétique : 75 % du prix de la borne, plafonné à 300 €.
- Prime “Advenir” : jusqu’à 960 € en maison individuelle, cumulable lorsque l’installateur est labellisé.
- TVA à 5,5 % sur le matériel et la main-d’œuvre si la maison a plus de deux ans.
- Aides régionales ou départementales ponctuelles, souvent 100 à 300 €.
Sécurité électrique et conformité NF C 15-100
La norme française NF C 15-100 classe la borne de recharge dans la famille « IRVE < 22 kW ». Trois points ne souffrent aucun compromis :
- Disjoncteur différentiel de type B 30 mA, capable de détecter les courants continus générés par les chargeurs embarqués.
- Section de câble dédiée (3G10 mm² en 7,4 kW sur 25 m, 5G6 mm² ou 5G10 mm² en triphasé selon la longueur) posée sous gaine ou chemin de câble, sans point de dérivation.
- Délestage automatique ou contrôle de puissance, condition indispensable si l’abonnement est inférieur à la somme des puissances simultanées, pour éviter le déclenchement du disjoncteur général.
La conformité passe par un Consuel “jaune” spécifique IRVE signé par l’électricien, document exigé par l’assureur en cas de sinistre. Un contrôle visuel rapide : présence du pictogramme EV sur les protections, télérupteur ou module pilotable pour l’effacement, câble orange H07BZ5 jusqu’à la borne. Respecter ces règles garantit la sécurité des occupants et préserve la garantie constructeur du véhicule.
Tutoriel, intégrer une wallbox à Home Assistant
Cas pratique OpenEVSE, configuration YAML et interface
Matériel requis : un chargeur OpenEVSE (firmware ≥ 7.1), un réseau local, Home Assistant installé sur un Raspberry Pi ou tout autre hôte.
Avant de commencer : activez l’API “WiFi Serial” dans l’interface OpenEVSE (Setup › Advanced › Services) et notez l’adresse IP attribuée par votre box.
1. Déclaration dans configuration.yaml
Copiez ce bloc puis redémarrez Home Assistant :
openevse:
host: 192.168.1.37 # IP du chargeur
username: admin # si authentification activée
password: motdepasse
Home Assistant crée aussitôt une entité sensor.openevse_energy (kWh) et un switch pour démarrer ou stopper la charge. Les versions récentes proposent la même chose par l’UI : Paramètres › Appareils et Services › Ajouter › OpenEVSE, validez l’IP et c’est fait.
2. Tableau de bord
Ajoutez une carte “Contrôle de borne” dans Lovelace :
type: entities
title: OpenEVSE
entities:
- entity: switch.openevse
name: Autoriser la charge
- entity: sensor.openevse_current
name: Courant instantané
- entity: sensor.openevse_energy
name: Énergie délivrée (kWh)
3. Automatisations d’exemple : coupez la charge lorsque le tarif passe en heures pleines, ou limitez l’intensité si la puissance Linky approche 9 kVA. Dans Automatisation › Créer, sélectionnez le déclencheur “changement de tarif” et l’action “service switch.turn_off sur switch.openevse”. En trois clics la charge devient pilotée et économique.
Module DIY DomBusEVSE, pas à pas d’installation
Préparation : le petit module DomBusEVSE (89 €) se connecte au réseau DomBus via deux fils et parle Modbus RTU. Placez-le dans le tableau électrique, alimentez en 12 V et câblez la sortie relais sur le contacteur de puissance de la borne.
1. Passerelle vers Home Assistant
Un ESP32 flashé avec le firmware DomBusSerial2MQTT fait office de pont. Branchez les broches RX/TX de l’ESP32 au bus DomBus, puis renseignez vos identifiants WiFi dans le fichier config.h avant flash. À la mise sous tension, l’ESP32 publie les états sur le topic MQTT dombus/evse/#
.
2. Découverte automatique
Dans Home Assistant, activez l’intégration MQTT, puis “Découverte automatique”. Les entités suivantes apparaissent : sensor.dombusevse_power, sensor.dombusevse_temperature, switch.dombusevse_enable. Vérifiez qu’elles changent d’état en déclenchant la charge test de 10 A via le bouton local.
3. Automatisation load balancing
Créez une nouvelle automatisation YAML qui abaisse le courant si la maison dépasse 7 kW :
- id: evse_limit
alias: Limitation DomBusEVSE
trigger:
- platform: numeric_state
entity_id: sensor.linky_puissance
above: 7000
action:
- service: mqtt.publish
data:
topic: dombus/evse/cmd/set_current
payload: "10"
Le module ajuste instantanément la consigne, sans disjoncter. Un vrai pas vers une wallbox open source à moindre coût.
Optimiser la charge, solaire, heures creuses, load balancing
Pilotage photovoltaïque pour l’autoconsommation
Limite classique de l’autoconsommation : un pic solaire à midi alors que la voiture reste branchée le soir. En connectant la wallbox à Home Assistant, la production instantanée de l’onduleur photovoltaïque devient une simple entité. Le chargeur reçoit ensuite un ordre de courant dynamique (par Modbus ou OCPP) pour n’absorber que les « watts » réellement disponibles. Une installation de 5 kWc peut ainsi alimenter la maison et réserver, par exemple, 2,3 kW stables à la voiture, évitant toute injection réseau et maximisant les kWh « faits maison ».
Le scénario le plus courant combine un seuil d’enclenchement bas (souvent 1 500 W mesurés sur le string solaire) et une rampe de montée jusqu’à la valeur maxi autorisée par la borne. Le prix de revient du kWh autoconsommé tombe alors à 0,07 € contre 0,22 € en tarif bleu. Sur une citadine parcourant 12 000 km par an, la facture annuelle de traction passe de 330 € à moins de 110 € ; le ROI d’une sonde d’énergie Zigbee ou Shelly, indispensable au pilotage, se compte en semaines.
Pour ne pas griller la priorité cuisson ou pompe à chaleur, les utilisateurs HACF recommandent un « scheduler » calé sur les heures creuses : si le soleil se couche, la borne bascule en tarif réduit et complète la batterie. Le tout tient en cinq lignes de YAML ou via l’automatisation visuelle, sans cloud ni abonnement.
Équilibrage de charge sans compteur P1 avec EVSE Load Balancer
Le plus grand frein au load balancing résidentiel est souvent l’absence de télé-information Linky (prise P1) dans le tableau. Le composant communautaire EVSE Load Balancer contourne le problème : il additionne en temps réel la consommation principale, l’appel de la borne et, optionnellement, les gros postes domestiques grâce à de simples pinces ampèremétriques WiFi. Lorsque la puissance totale approche du calibre disjoncteur, le logiciel réduit l’intensité de charge par pas de 1 A. Quand la marge revient, il ré-ouvre les vannes jusqu’à la limite fixée.
Concrètement, une maison protégée par un 12 kVA peut continuer à chauffer l’eau et cuisiner tout en rechargeant à 25 A, sans jamais dépasser les 60 A disponibles. La logique tourne localement sur Home Assistant, dialogue avec la wallbox via l’API REST ou MQTT et ne nécessite aucun accès opérateur Enedis. Ci-dessous, extrait typique :
- sensor.main_power : total mesuré par Shelly EM
- sensor.ev_power : mesure interne de la borne
- binary_sensor.breaker_margin_ok : calculé par EVSE Load Balancer
- service evse.set_current (current: {{ dynamic_amp }})
Les tests menés par la communauté montrent une réduction à zéro des coupures intempestives et un écrêtage moyen de seulement 8 % de l’énergie quotidienne injectée dans la batterie. Solution 100 % logicielle, 0 € de frais récurrents, installable en moins de 15 minutes via HACS.
Retours d’expérience HACF, économies d’énergie mesurées
Étude de cas maison individuelle, gains sur un an
Sur le forum HACF, la famille Martin a partagé un suivi de consommation très détaillé. Maison de 120 m², quatre occupants, berline électrique 58 kWh. Avant l’intégration domotique, la recharge se faisait au hasard des besoins sur une prise renforcée, sans pilotage. Consommation annuelle relevée : 2 410 kWh dédiés au véhicule.
Passage à une wallbox DIY OpenEVSE 7,4 kW, reliée à Home Assistant via OCPP. Scénarios mis en place : déclenchement automatique en heures creuses, coupure si la puissance souscrite dépasse 9 kVA, priorité à l’excédent photovoltaïque de midi. Mesure Linky et compteur Shelly trois phases synchronisés dans le dashboard.
- Recharge déplacée à 92 % en heures creuses, prix moyen passé de 0,23 €/kWh à 0,16 €/kWh.
- Autoconsommation solaire injectée dans la batterie : 620 kWh.
- Bilan : 1 740 kWh consommés sur le réseau, soit –670 kWh.
- Économie financière : 155 € sur la facture électricité, auxquels s’ajoutent 80 € d’amortissement évité sur le disjoncteur grâce au load balancing.
Le retour d’expérience signale aussi un confort accru : plus de disjonctions, un suivi clair des cycles de charge et l’option de limiter la puissance à 10 A quand le four et la pompe à chaleur tournent.
Comparatif borne propriétaire versus borne ouverte
Les membres HACF ont compilé 37 installations, réparties à parts quasi égales entre bornes propriétaires et solutions ouvertes compatibles OCPP ou MQTT. Synthèse des points les plus cités :
- Coût initial : borne propriétaire certifiée IRVE : 1 450 € pose incluse, licence cloud comprise un an. Solution ouverte OpenEVSE ou DomBusEVSE + boîtier étanche : 890 € pose incluse.
- Frais récurrents : 41 % des bornes propriétaires requièrent un abonnement de télésurveillance (4 à 8 €/mois) pour activer le délestage. Aucune charge récurrente côté open source.
- Interopérabilité : 100 % des bornes ouvertes ont été intégrées à Home Assistant en moins d’une heure, contre 38 % seulement des modèles fermés, souvent via des API non documentées.
- Optimisation énergétique : moyenne des économies mesurées sur un an : –24 % de kWh pour les installations ouvertes, –11 % pour les propriétaires (pilotage limité aux heures creuses sans prise en compte du PV).
- Satisfaction utilisateur : 9,1/10 pour les setups ouverts, 7,3/10 pour les fermés, la différence venant surtout des mises à jour logicielles bloquées par le fabricant.
Au final, la solution ouverte sort gagnante sur trois plans : investissement réduit, économies d’énergie plus marquées et liberté d’évolution, critères au cœur de la philosophie HACF.
Futur de la recharge résidentielle, V2G et Matter
Vehicle to grid, quels scénarios pour les particuliers
Le V2G transforme la batterie du véhicule en mini-centrale domestique. Une citadine électrique de 50 kWh peut restituer 7 kWh lors d’un pic soir, puis se recharger en heures creuses sans compromettre son autonomie du lendemain. Les premiers pilotes Enedis évoquent une rémunération annuelle de 250 à 600 € pour un foyer qui libère 10 kWh par jour ouvré. Le schéma repose sur une wallbox bidirectionnelle (aujourd’hui autour de 3 000 €), la norme ISO 15118 pour la communication véhicule-borne et OCPP 2.0.1 côté supervision.
Trois usages concrets se dessinent :
- Soutien réseau : injection durant les pointes tarifaires, rémunérée au kWh ou via un forfait agrégateur.
- Autoconsommation étendue : la voiture stocke le surplus photovoltaïque de midi et l’injecte le soir, limitant le recours au réseau.
- Secours domestique (V2H) : en cas de coupure, la maison bascule sur la batterie du véhicule pour quelques heures grâce à un contacteur automatique.
Freins actuels : coût du matériel, contrat d’agrégation encore rare, garantie batterie floue. Les constructeurs Kia, Nissan et Renault annoncent pourtant des modèles V2G natifs, tandis que les fabricants de wallbox planchent sur des versions à moins de 1 500 € d’ici peu. L’intégration à Home Assistant passe déjà par MQTT ou par l’API de l’agrégateur, ouvrant la voie à des automatismes maison : “injecte si prix spot > 0,25 €/kWh”, “stoppe si SOC < 40 %”.
Protocole Matter et évolutions de la domotique ouverte
Matter, standard porté par la Connectivity Standards Alliance, unifie Wi-Fi, Thread et Ethernet sous une couche IP locale et chiffrée. Les grandes marques poussent son adoption pour les ampoules ou les thermostats, mais la feuille de route inclut désormais la gestion d’énergie haute puissance : prises 32 A, compteurs domestiques et, demain, bornes EVSE.
Home Assistant sert déjà de controller Matter. Une wallbox compatible pourra se déclarer comme appareil “Energy Management”, exposer sa puissance instantanée et recevoir des consignes de charge. L’utilisateur bénéficiera d’un appairage type QR Code, sans cloud obligatoire, tout en conservant sa passerelle OCPP ou Modbus en arrière-plan grâce aux bridges open source.
Matter n’efface donc pas les protocoles métiers. Il s’y superpose pour garantir l’interopérabilité dans la maison, tandis qu’OCPP reste le langage natif entre borne et supervision. Cette approche hybride rejoint l’ADN de la communauté HACF : laisser chaque brique parler son dialecte, puis agréger les données au sein d’une interface unique. Des fabricants comme Schneider Electric et Wiser testent déjà des “Matter energy modules” capables de relayer les mesures vers Home Assistant ou Jeedom sans gateway propriétaire.
Demain, un propriétaire pourra combiner dans la même automatisation : détecteur Thread, wallbox OCPP, batterie V2G et compteur Linky via MQTT. L’ouverture promise par Matter, couplée à la flexibilité des solutions open source, esquisse une domotique où la recharge du véhicule devient une pièce maîtresse de la gestion énergétique globale du foyer.
FAQ borne de recharge et domotique ouverte
Questions courantes sur puissance, abonnement et copropriété
Quelle puissance installer ? Pour un usage quotidien, la majorité des foyers se contente d’une wallbox 7,4 kW monophasée, qui recharge une batterie de 50 kWh pendant la nuit sans solliciter le réseau. Au-delà, l’option 11 kW triphasée devient intéressante si le logement dispose déjà du triphasé ou si plusieurs véhicules électriques se relaient. Le dimensionnement dépend aussi du véhicule : un hybride rechargeable chargera rarement au-delà de 3,7 kW.
Faut-il augmenter l’abonnement Linky ? Un compteur 9 kVA couvre généralement une borne 3,7 kW. Pour 7,4 kW, la bascule vers 12 kVA évite un déclenchement intempestif lorsque la plaque de cuisson tourne en même temps. Les solutions de load balancing pilotées par Home Assistant permettent toutefois de rester sur le palier inférieur : le courant de charge baisse automatiquement quand la consommation domestique grimpe.
Comment gérer l’installation en copropriété ? Le “droit à la prise” autorise tout copropriétaire ou locataire à faire poser un point de charge privé sur sa place de parking, à ses frais, sans vote bloquant. Trois points clés : fournir au syndic un projet technique visé par un installateur IRVE, choisir un comptage individuel pour refacturer les kWh, et privilégier une borne OCPP qui dialoguera facilement avec un futur système collectif si la résidence passe plus tard à une infrastructure partagée.
Et si plusieurs voisins veulent se brancher ? Un réseau pré-équipé avec câble collectif et bornes individuelles évite de multiplier les gaines. La domotique ouverte peut alors piloter chaque prise, mesurer les consommations et équilibrer la puissance disponible à l’échelle de l’immeuble, sans surcoût de licences propriétaires.
Conseils pour la maintenance et les mises à jour
La partie matérielle reste minimale : un contrôle visuel trimestriel suffit pour vérifier qu’aucun câble n’est endommagé, que la prise ne chauffe pas et que le différentiel type A-EV ou B n’a pas déclenché. Un test annuel avec un installateur IRVE permet de resserrer les borniers et de mesurer l’isolement.
Côté logiciel, la sécurité dépend des mises à jour. La plupart des wallbox OCPP proposent un firmware téléchargeable depuis l’application mobile ou via leur interface web. Programmez une vérification automatique dans Home Assistant : l’intégration update
signale la disponibilité d’un nouveau correctif et peut même lancer le flash la nuit, borne verrouillée.
Pour Home Assistant lui-même, adoptez la règle “une version stable sur deux” afin d’éviter les régressions. Avant toute mise à jour, sauvegardez la configuration YAML et la base de données InfluxDB ou SQLite. En cas de panne, restaurez en un clic depuis la snapshot. Enfin, surveillez la charge du serveur domestique : une carte Lovelace dédiée aux ressources (CPU, température, version) aide à prévenir les ralentissements qui perturberaient le pilotage de la borne.
Avec ce duo contrôle visuel plus mises à jour planifiées, la borne garde ses performances initiales et la domotique ouverte reste sûre et réactive sur le long terme.
HACF montre que lorsqu’une borne de recharge, un capteur solaire et un serveur domestique parlent un même langage ouvert, l’utilisateur regagne la maîtrise de son énergie, réduit ses factures et prolonge la vie de ses équipements. Derrière chaque hack partagé sur le forum se dessine une maison connectée évolutive, débarrassée des abonnements forcés et capable d’allier mobilité, confort et sobriété. Reste une question : quand les premières wallbox bidirectionnelles abordables et les modules Matter pour l’énergie feront leur entrée dans les rayons, qui saisira l’occasion de transformer son garage en mini centrale intelligente ?