Entre facture d’énergie sous pression et quête de confort, la maison change de cerveau. Des capteurs aux volets, la domotique orchestre chaque watt et promet jusqu’à 30 % d’économies tout en ouvrant la porte à la voiture électrique et à l’autoconsommation solaire. Plongée dans un marché en ébullition où Zigbee, Matter et thermostats intelligents redessinent déjà nos intérieurs.
Comprendre la domotique et la maison connectée
Trois couches capteurs box actionneurs
Domotique signifie interconnexion d’objets du quotidien pour automatiser les usages du logement. L’architecture la plus répandue repose sur trois niveaux. D’abord les capteurs : détecteurs de température, d’ouverture, de présence ou de luminosité prennent le pouls de l’habitat. Ensuite la box domotique, cerveau local ou hébergé dans le cloud, compile les données, applique des scénarios, déclenche des alertes et dialogue avec les services extérieurs tels que météos ou tarifs heures creuses. Enfin les actionneurs traduisent l’ordre en mouvement : ouvrir un volet, couper une prise, baisser le chauffage. Les trois couches communiquent en temps réel, ce qui permet de fermer automatiquement les volets quand le soleil tape sur la façade sud ou de couper le ballon d’eau chaude si la production solaire ne suffit pas.
Cette séparation simplifie la maintenance. Un capteur en panne se remplace sans toucher aux scénarios, la box peut changer de marque en conservant les périphériques, et les actionneurs restent indépendants des algorithmes. Les fabricants comme Legrand ou Somfy appliquent cette logique modulaire qui favorise l’interopérabilité et limite l’obsolescence.
Protocole Zigbee Z-Wave ou Matter
Pour que les trois couches se comprennent, un protocole radio ou IP sert de langage commun. Zigbee travaille sur la bande 2,4 GHz, forme un maillage où chaque prise ou ampoule répète le signal, ce qui étend la portée sans augmenter la puissance émise. Économe en énergie, il convient aux piles boutons d’un détecteur de mouvement. Z-Wave fonctionne autour de 868 MHz en Europe, traverse mieux les murs épais, mais autorise moins de nœuds que Zigbee dans un même réseau. Ces deux technologies existent depuis plus de dix ans, gèrent déjà des milliers de références produits.
Arrivé plus récemment, Matter se présente comme un sur-protocole IP sponsorisé par Apple, Google, Amazon, Samsung et le consortium CSA. Il embarque une couche de sécurité native (chiffrement bout à bout, authentification par certificat) et promet une compatibilité réelle entre marques. Un capteur Matter Wi-Fi ou Thread peut ainsi s’apparier à n’importe quelle plateforme compatible, de HomeKit à Alexa. Les premiers routeurs Thread sont déjà intégrés dans les box opérateurs et certains assistants vocaux, simplifiant le déploiement. Pour l’utilisateur, le choix du protocole influe sur la pérennité, la consommation électrique et la richesse de l’écosystème. Les installateurs mêlent souvent plusieurs standards grâce à des passerelles logicielles, tout en préparant la transition vers Matter pour réduire les silos de demain.
Domotique et baisse de la consommation d’énergie
Thermostat intelligent pilote chauffage
Thermostat intelligent, sondes de température pièce par pièce et application mobile forment un trio gagnant pour le chauffage. L’algorithme apprend le rythme de vie, anticipe les absences grâce à la géolocalisation et coupe la chaudière ou les radiateurs dès que personne n’est à la maison. Les chiffres parlent : –15 % à –30 % sur la dépense énergétique rapportés par Google Nest, jusqu’à –30 % confirmés dans la base clients Legrand. Les versions multizones corrigent en direct les écarts, un salon maintenu à 19 °C pendant qu’une chambre reste à 17 °C. Le pilotage s’adapte aussi au type d’émetteur, qu’il s’agisse d’une pompe à chaleur ou de simples convecteurs électriques.
Éclairage connecté et capteurs de présence
Sur l’éclairage, la chasse au gaspillage passe par des ampoules LED pilotables, des variateurs et surtout des capteurs de présence. L’étude interne Legrand évoque 12 % d’économie mais un logement mal équipé peut gagner bien plus si la cuisine, les couloirs ou le garage restent souvent allumés pour rien. Un scénario crépusculaire baisse automatiquement l’intensité dès qu’il fait sombre, le dosage s’ajuste à la luminosité naturelle. À la clé : moins de kWh, une ambiance plus douce et une durée de vie des ampoules prolongée.
Prises connectées et veilles cachées
TV, box internet, console, machine à café, la veille invisible coûte jusqu’à 11 % de la facture d’électricité selon l’ADEME. Une prise connectée coupe l’alimentation la nuit ou durant les heures de travail. L’application affiche la conso en temps réel, ce qui pousse souvent à débrancher définitivement les appareils inutiles. Les modèles mesurant la puissance repèrent les dérives, par exemple un réfrigérateur qui consomme trop et mérite peut-être un dégivrage.
Volets roulants automatiques et apports solaires
Automatiser les volets permet de gérer les apports solaires sans effort. En hiver, les volets se lèvent dès que le soleil tape sur la façade sud, apport gratuit qui représente jusqu’à 7 % de gain sur le chauffage d’après les estimations IZI by EDF. En été, fermeture avant le pic d’ensoleillement pour limiter le recours à la climatisation. Les capteurs de température extérieure affinent la logique ; couplés à une station météo, les volets se mettent même en position intermédiaire lors des vents forts pour protéger les lames.
Gestion eau chaude et délestage
Le chauffe-eau électrique figure au deuxième rang des postes de dépense après le chauffage. En l’asservissant à une box, on déclenche la résistance sur les heures creuses et on module la température selon le taux d’occupation du logement. Résultat courant : 10 % à 15 % d’économie. La fonction délestage coupe automatiquement le ballon, un radiateur ou la borne de recharge lorsqu’une pointe de consommation s’annonce, évitant le dépassement de puissance souscrite et les pénalités éventuelles. Couplé à un signal Enedis ou à la tarification heures pleines/heures creuses, le système lisse la demande sur le réseau et réduit la facture sans renoncer au confort d’une douche bien chaude.
Chiffrer les économies et le bilan carbone évité
Fourchettes d’économies par équipement
Le gisement d’économies dépend de la part d’énergie qu’occupe chaque usage dans le logement : le chauffage pèse près de deux tiers de la facture selon l’ADEME, l’éclairage moins de 10 %. Les équipements domotiques jouent donc un rôle proportionnel. Les études terrain et les données fabricants se recoupent sur les ordres de grandeur suivants.
- Thermostat intelligent : –15 % à –30 % sur la dépense de chauffage, soit 180 € à 350 € par an dans un logement moyen chauffé à l’électricité ou au gaz (Nest, Legrand, ADEME).
- Vannes ou robinets thermostatiques connectés : –10 % à –20 % supplémentaires sur les radiateurs à eau, particulièrement en habitat collectif.
- Volets roulants pilotés : –5 % à –7 % sur le chauffage en limitant les déperditions hivernales et les surchauffes estivales (EDF R&D, Maison-et-Domotique).
- Éclairage connecté et capteurs de présence : –10 % à –12 % d’électricité dédiée à l’éclairage, soit 15 € à 40 € par an pour un foyer type (Legrand).
- Prises connectées ou coupure des veilles : –8 % à –15 % sur les consommations fantômes, l’économie grimpe à 25 € à 60 € par an lorsque plusieurs équipements audiovisuels restent habituellement en veille (IZI by EDF).
- Gestion de l’eau chaude et délestage : –5 % à –10 % lorsqu’un contacteur connecte ballon ou chauffe-eau aux heures creuses et coupe les pics inutiles (TotalEnergies Services).
Sur une facture annuelle de 1 600 € à 2 000 €, la combinaison thermostat, volets, éclairage et prises suffit donc à réduire la dépense de 250 € à 600 € (10 % à 30 %), sans changement d’équipement de production de chaleur.
Impact CO₂ d’un kWh économisé
Réduire la consommation abaisse directement les émissions. Le facteur d’émission varie selon l’énergie évitée : en France, 1 kWh d’électricité consommé hors pointe émet autour de 0,055 kg de CO₂, contre 0,204 kg pour le gaz naturel (base carbone ADEME). Les médias anglo-saxons retiennent une moyenne de 0,085 kg CO₂/kWh pour le mix US (EPA).
En appliquant le coefficient national :
- Un foyer qui coupe 500 kWh d’électricité grâce à la veille maîtrisée évite environ 28 kg de CO₂.
- 1 000 kWh de chauffage gaz économisés via un thermostat intelligent représentent 204 kg de CO₂ non émis.
- Une maison qui combine plusieurs scénarios domotiques et baisse sa consommation totale de 3 000 kWh (mix moitié gaz moitié électricité) supprime l’équivalent de 390 kg de CO₂ par an, soit les émissions d’une voiture moyenne sur près de 2 000 km.
Ce bilan carbone évité peut encore grimper si la domotique dialogue avec une production photovoltaïque locale ou un véhicule électrique en recharge optimisée, points abordés plus loin.
Coût d’une installation domotique et son ROI
Budget matériel et pose
Matériel. Une box domotique grand public compatible Zigbee ou Matter se trouve dès 120 €, tandis qu’un modèle haut de gamme avec passerelle radio filaire et API ouverte approche 400 €. Les thermostats connectés certifiés Classe A se négocient autour de 180 € pièce, capteurs de température inclus. Compter 40 € à 60 € pour une prise intelligente certifiée mesure d’énergie, 70 € pour un micromodule éclairage, 250 € pour la motorisation d’un volet roulant déjà posé. Une maison T4 typique, équipée d’une box, de six thermostats de zone, de dix prises, de huit micromodules lumière et de cinq volets, affiche donc un panier matériel compris entre 2 800 € et 3 600 €.
Pose. Les tarifs des intégrateurs oscillent entre 200 € et 300 € jour, déplacement inclus. Pour le lot précédent, trois à cinq jours suffisent selon l’état du câblage soit 800 € à 1 400 €. Les bricoleurs réduisent la note de moitié en autoconstruction mais perdent la TVA réduite et la garantie main-d’œuvre.
Aides MaPrimeRénov et certificats énergie
Le pilotage automatique du chauffage entre dans la catégorie “équipements de régulation” éligible à MaPrimeRénov. Le forfait atteint 250 € pour un thermostat connecté et 65 € supplémentaires par émetteur de chaleur piloté, dans la limite de 30 % du devis. Les certificats d’économies d’énergie (CEE) complètent l’enveloppe : 30 € à 50 € par équipement, versés sous forme de chèque ou de remise par l’installateur partenaire d’un énergéticien. TVA réduite à 5,5 % si le logement a plus de deux ans et si la pose est assurée par un pro RGE. Sur notre maison T4, l’aide cumulée approche 750 €, soit 20 % du budget matériel, et couvre presque la totalité de la main-d’œuvre.
Méthode de calcul du retour sur investissement
La formule retenue par l’administration fiscale et la plupart des cabinets de conseil reprend l’équation simple popularisée par Dougs : ROI (%) = (gains annuels nets – coût total) ÷ coût total × 100. Ici, on additionne :
- Gains annuels : économies d’énergie (kWh évités × prix du kWh) + rabais d’assurance éventuel
- Coût total : matériel + pose – aides perçues
Avec un panier net de 3 300 € (4 000 € dépenses, aides 700 €) et 540 € d’économies énergétiques constatées dans les tests ADEME (-26 % sur une facture de 2 050 €) plus 60 € de réduction d’assurance habitation, les gains montent à 600 € annuels. Le ROI se chiffre alors à 600 ÷ 3 300 = 18 %, soit une période de retour d’environ 1,8 an ou 22 mois. Toute hausse future du prix de l’énergie raccourcit encore ce délai, les amortissements étant linéaires alors que la facture évitée progresse.
Étude de cas maison T4 moins 26 % en 18 mois
Choix des équipements et scénarios
Profil : pavillon T4 de 98 m² chauffé à l’électricité, occupé par un couple et deux enfants scolarisés, présence majoritairement le matin et en soirée. Dès le départ, le propriétaire voulait une solution ouverte et évolutive. Il a retenu une box Jeedom (160 €) compatible Zigbee et Z-Wave, cinq thermostats intelligents Netatmo pour les radiateurs à inertie (360 €), quatre micromodules pour volets roulants Somfy (450 €), six prises connectées Zigbee coupant les veilles audiovisuelles (120 €) et trois capteurs de luminosité et d’ouverture (90 €). Budget matériel : 1 180 €, installé en trois demi-journées par le propriétaire.
Les scénarios ont été calés sur les rythmes de vie : température réduite à 17 °C la nuit et en journée, relance à 20 °C une heure avant le retour, extinction totale en cas d’absence non planifiée grâce à la géolocalisation du smartphone. Les volets se ferment automatiquement 30 minutes avant le coucher du soleil en hiver pour conserver la chaleur et restent baissés en journée l’été côté sud pour limiter la climatisation ponctuelle. Enfin, les prises connectées coupent l’alimentation du home-cinéma et des consoles de 23 h à 7 h, plage où ces équipements restaient auparavant en veille.
Analyse des factures avant et après
Sur les 12 mois précédant l’installation, la facture d’électricité s’élevait à 2 050 € pour 12 700 kWh. Un an après la mise en service, la consommation est tombée à 9 400 kWh, soit 1 510 €, économie nette de 540 € ou -26 %. Rapporté au coût d’achat, le retour sur investissement s’établit à 18 mois. La baisse se décompose en –15 % sur le chauffage grâce aux thermostats et à la régulation par présence, –7 % liés à la gestion automatique des volets et –4 % sur les veilles supprimées par les prises intelligentes.
Côté climat, la réduction de 3 300 kWh évite environ 280 kg de CO₂ (base 0,085 kg/kWh mix France), soit l’équivalent de 1 000 km parcourus en voiture thermique. Les relevés du compteur Linky confirment une pointe de consommation moindre les soirs d’hiver, indice que la programmation « abaissement nuit » joue son rôle. Le propriétaire envisage désormais d’ajouter un module chauffe-eau pour grappiller encore 5 % et passer sous les 1 400 € annuels.
Confort sécurité et valeur immobilière de la smart home
Télésurveillance connectée et assurance
La télésurveillance version smart home combine capteurs d’ouverture, détecteurs de mouvement, caméras IP et sirènes reliés en temps réel à un centre de contrôle ou directement à l’application mobile du propriétaire. Le déclenchement d’une alerte pousse une notification instantanée, permet d’ouvrir le flux vidéo, de parler via l’interphone ou de piloter l’éclairage pour dissuader une effraction. Les scénarios se déclenchent même en cas de coupure Internet grâce au mode GSM de secours intégré à certaines centrales.
Les assureurs y voient un risque réduit : plusieurs compagnies appliquent une remise de 5 % à 10 % sur la prime d’assurance habitation lorsque le logement possède un système de télésurveillance certifié NF A2P et raccordé 24 h/24. Avec une cotisation moyenne de 320 € par an, la ristourne couvre en trois à quatre ans le prix d’un pack de démarrage (centrale, deux détecteurs, sirène), tout en apportant une tranquillité d’esprit rarement chiffrée. Les courtiers soulignent aussi un taux de cambriolage cinq fois plus faible dans les maisons surveillées, argument décisif pour les familles et pour les propriétaires bailleurs qui protègent leur patrimoine.
Augmentation de la valeur de revente
La domotique ne se contente plus de séduire les technophiles : six acheteurs sur dix interrogés par SeLoger déclarent qu’une maison pré-équipée en objets connectés influence positivement leur décision. Les estimations actuelles évoquent un bonus de 1 % à 4 % sur le prix de vente d’un bien intégrant une infrastructure smart home prête à l’emploi. Ce surcroît de valeur vient autant du gain de confort quotidien que du sentiment de sécurité et de maîtrise des charges énergétiques, trois critères qui pèsent lourd lors des visites.
Du côté des agents immobiliers, une installation certifiée Matter ou Zigbee bien documentée simplifie la transaction : l’acquéreur sait qu’il pourra reprendre la main sans travaux ni abonnement imposé. Voici les équipements qui valorisent le plus un logement :
- thermostat connecté et radiateurs pilotables, pour un DPE plus flatteur ;
- volets motorisés associés à des scénarios d’ouverture automatique ;
- station de recharge pour véhicule électrique gérée par la box ;
- système d’alarme relié au smartphone et options d’accès sans clef (serrures connectées) ;
- tableau de répartition équipé de modules de mesure et d’un historique de consommation.
L’investissement initial se double ainsi d’un atout patrimonial, particulièrement précieux sur les marchés urbains où la concurrence est forte et la performance énergétique scrutée.
Limites bonnes pratiques et cybersécurité
Protéger ses données et mises à jour
Capteurs de température, caméras, serrures connectées, tous ces objets génèrent un flux continu d’informations intimes : habitudes de présence, horaires de sommeil, planning des vacances. Les fournisseurs les chiffrent en général mais la porte d’entrée la plus courante reste l’utilisateur. Trois réflexes simples suffisent à lever 90 % des risques : changer le mot de passe par défaut, activer l’authentification à deux facteurs de l’application mobile et planifier les mises à jour automatiques du firmware. Quand un correctif de sécurité sort, retarder son installation revient à laisser la clé sur la porte.
Les données stockées dans le cloud du fabricant peuvent être rapatriées ou supprimées à la demande, RGPD oblige. Avant d’acheter, vérifier la présence d’un bouton « export » dans l’application et la durée de conservation annoncée. Certains écosystèmes, Jeedom ou Home Assistant par exemple, permettent de garder les historiques en local sur un NAS pour ceux qui veulent une maîtrise totale. Sur les protocoles radio, Matter chiffre nativement bout – en – bout, Zigbee le fait depuis des années mais seulement si la clé rejoignante est bien protégée. Un hub maison isolé sur un VLAN, comme on isole un NAS, limite la circulation des paquets sensibles sur le Wi-Fi principal.
Dernier point souvent négligé : les mises à jour du routeur. Une box opérateur non patchée annule tous les efforts déployés sur les objets connectés. Un rappel semestriel dans votre agenda ou un e-mail automatique suffit à éviter le piège.
Compatibilité réseau et coupure internet
Un thermostat qui se fige pendant une panne de box, c’est le type de mésaventure qui fait hurler contre la domotique. Pour l’éviter, privilégier des dispositifs capables de fonctionner en mode local : le relais de chaudière doit continuer à recevoir les consignes d’un hub même sans accès au cloud. Les fiches techniques le précisent souvent sous les termes « local API » ou « edge computing ». Les protocoles maillés comme Zigbee et Thread forment par ailleurs un réseau autonome qui n’encombre pas le Wi-Fi domestique et reste opérationnel quand celui-ci flanche.
Saturation radio, débits Netflix des ados, murs porteurs : la qualité du réseau détermine la fiabilité des scénarios. Quelques bonnes pratiques limitent les surprises :
- installer le hub domotique près du centre de la maison pour couvrir sans répéteurs inutiles,
- réserver un SSID dédié aux objets Wi-Fi, limité à 2,4 GHz pour la portée,
- prévoir un onduleur compact pour la box et le hub afin que les volets se ferment encore pendant une micro-coupure.
En cas de blackout total, les fabricants sérieux gardent un pilotage manuel : bouton sur le moteur de volet, interrupteur classique pour la lumière, thermostat avec molette physique. Avant l’achat, vérifier la présence de ce « mode dégradé » évite de se retrouver dans le noir complet.
Maison autonome énergies renouvelables et stockage
Coupler domotique et panneaux solaires
Le gestionnaire d’énergie de la maison connectée se branche directement sur l’onduleur ou sur les micro-onduleurs des panneaux photovoltaïques. Il collecte la production instantanée via Modbus ou une API constructeur, puis déclenche des scénarios selon un seuil de surplus défini en kWh. Le lave-linge, le ballon d’eau chaude ou la pompe à chaleur se lancent automatiquement quand le toit produit plus que la consommation de base. Cet arbitrage fait grimper le taux d’autoconsommation de 30 % à près de 65 % selon les mesures de l’ADEME dans ses maisons témoins. À la clé, moins d’électricité injectée en réseau et une facture réduite puisque chaque kWh autoconsommé coûte environ quatre fois moins qu’un kWh acheté au tarif réglementé.
Les interfaces visuelles intégrées à la box domotique affichent, en temps réel, la courbe de production solaire, la consommation pièce par pièce et la part réellement autoconsommée. Des alertes push préviennent en cas d’ombre prolongée sur un panneau ou de baisse de rendement, ce qui simplifie la maintenance. L’utilisateur peut aussi programmer une logique horaire : priorité au ballon d’eau chaude en matinée, puis aux appareils électroménagers, le tout sans intervenir manuellement.
Gestion batterie et recharge véhicule électrique
Lorsqu’une batterie domestique est ajoutée, la box domotique pilote la charge et la décharge afin de lisser la courbe de consommation. Le matin, l’énergie stockée couvre les pointes de puissance liées au petit-déjeuner, évitant de tirer sur le réseau. En milieu de journée, le système recharge la batterie avec l’excédent photovoltaïque. L’algorithme de priorisation se base sur quatre paramètres : niveau de charge minimal à préserver, prévisions météo, taux de remplissage souhaité à l’heure du pic du soir, prix spot de l’électricité le cas échéant. Résultat : l’autonomie électrique dépasse 80 % sur une journée d’été pour un foyer standard équipé de 8 kWc et 10 kWh de stockage.
La recharge du véhicule électrique, souvent le plus gros consommateur du foyer, est intégrée dans le même tableau de bord. En mode “solar first”, la borne se met en marche uniquement quand la production dépasse un seuil paramétrable. Un mode “heures creuses” prend le relais la nuit si la batterie du véhicule reste partiellement vide. Les nouvelles fonctions V2H ou V2G, proposées par plusieurs constructeurs, sont reconnues par les systèmes domotiques compatibles Matter ou OCPP 1.6, ce qui autorise la décharge contrôlée de la voiture pour soutenir la maison lors du pic de 19 h. Les tests menés par l’institut Fraunhofer montrent que cette stratégie réduit de 35 % la puissance souscrite au compteur et peut générer un gain annuel de 250 € en effacement de pointe.
Couplés, panneaux, batterie et mobilité électrique forment une boucle d’énergie presque fermée. La domotique en est le chef d’orchestre, garantissant que chaque électron solaire trouve un usage rentable, du grille-pain à la Zoé garée au garage.
FAQ domotique économies d’énergie
Quels appareils choisir en premier
Pour obtenir des économies rapides sans vider le portefeuille, trois équipements font figure de priorité :
- Thermostat connecté : il pilote le chauffage, premier poste de dépense énergétique dans un logement. Comptez 130 € à 250 € pour le matériel, jusqu’à 30 % d’économies potentielles selon l’ADEME et un retour sur investissement souvent inférieur à deux hivers.
- Prises ou multiprises intelligentes : elles coupent la veille des appareils audi-vidéo et bureautiques. Budget 15 € à 40 € par prise, économie autour de 11 % sur la consommation des veilles cachées.
- Ampoules et capteurs de présence : remplacement progressif des lampes les plus utilisées par des modèles LED pilotables, couplés à un détecteur dans les couloirs ou la cave. Gain moyen : 8 % sur l’éclairage, investissement de 10 € à 25 € l’ampoule connectée.
Ces trois familles couvrent déjà plus de 75 % des gains faciles mesurés dans la plupart des études terrain. Elles fonctionnent en Wi-Fi ou Zigbee, pas besoin de tirer de câble.
Est ce rentable pour un petit budget
Oui, car la logique reste proportionnelle : même dans un studio, un thermostat d’ambiance compatible fil pilote les radiateurs électriques pour moins de 200 €. Une seule multiprise intelligente à 30 € peut couper télé, box et console la nuit et économiser 20 € par an, soit un amortissement en 18 mois. Les aides CEE octroient jusqu’à 65 € sur les dispositifs de régulation, ce qui fait tomber le ticket d’entrée sous la barre des 100 €. Autre levier : acheter en deux temps, d’abord le cœur (box ou hub autour de 60 €), puis ajouter un module par mois. Le ROI reste inférieur à deux ans tant que le ménage cible les postes les plus énergivores avant de chercher le confort gadget.
La domotique est elle compliquée à installer
La majorité des solutions récentes se passent de tournevis : un smartphone, le QR code sur le produit et la connexion Wi-Fi ou Zigbee suffisent. Pour un thermostat filaire ou un volet, un électricien peut être utile mais l’intervention dépasse rarement une heure. Les protocoles récents comme Matter simplifient l’appairage multi-marques, évitant les incompatibilités. Reste la configuration des scénarios : les applications grand public proposent des assistants pas à pas, du simple minuteur à la détection de présence. L’utilisateur conserve toujours la main en manuel pour rassurer les réfractaires au tout-automatique.
La domotique n’est plus un gadget, elle réduit déjà la facture de 10 à 30 % tout en renforçant confort, sécurité et valeur du logement. Capteurs, box et actionneurs composent un chef d’orchestre qui optimise chaque kilowatt et prépare l’arrivée d’une maison presque autonome, soutenue par ses panneaux solaires, sa batterie et sa borne de recharge. Jusqu’où confierons-nous le tempo énergétique de nos murs quand la smart home négociera directement ses kWh avec le voisin ou le réseau ?