Souvenir de pad filaire, frissons d’arcade et connectique USB-C se rencontrent quand RetroPie s’invite sur un Raspberry Pi, mini ordinateur devenu jukebox à pixels pour moins de 130 euros. Derrière cette cure de jouvence se déploie un écosystème libre, fiable et presque infini qui dialogue déjà avec la maison connectée. Suivez nos repères pour ramener Street Fighter au salon sans faux contact ni prise de tête.
Pourquoi choisir RetroPie pour une console rétro maison
Revivre ses jeux d’enfance sans ruiner son budget
Passer d’un souvenir d’ado à une partie de Street Fighter ou de Mario Kart dans le salon ne demande plus un investissement colossal. Un kit Raspberry Pi 4, une carte micro-SD et une manette USB se trouvent entre 90 € et 130 €, soit moins qu’une seule console « mini » limitée à une marque ou qu’un lot de cartouches d’époque sur le marché de l’occasion. Avec RetroPie, la même machine héberge plus de 50 systèmes émulés, du NES au tout début de la Dreamcast partielle. Le coût par catalogue s’effondre, la place dans le meuble TV reste la même et l’alimentation 5 V-3 A se contente d’une prise déjà disponible dans la maison connectée.
Le logiciel ajoute aussi une part d’économie cachée : pas de service en ligne payant, pas de pièces mécaniques qui fatiguent, pas de firmwares verrouillés. Tout s’installe en quelques minutes via Raspberry Pi Imager, gratuit, et se pilote ensuite avec les manettes que vous possédez déjà (PS4, 8BitDo ou Xbox). L’investissement initial se transforme ainsi en bibliothèque de jeux inter-générations sans abonnement ni frais cachés.
3,5 millions de téléchargements gage de fiabilité
RetroPie affiche plus de 3,5 millions de téléchargements sur son site officiel. Ce volume massif garantit une communauté réactive, des correctifs rapides et une documentation abondante, qualité souvent négligée dans les projets de retrogaming. Les forums spécialisés, GitHub et les salons Discord permettent de trouver une réponse presque instantanée à la moindre question : configuration manette, scraping de jaquettes ou réglage de shaders.
L’ampleur du parc installé profite directement à la stabilité : chaque mise à jour est testée par un panel varié de joueurs, du puriste de la Super Nintendo à l’amateur de bornes MAME. Résultat, l’interface EmulationStation tourne sans accroc, les profils RetroArch sont pré-configurés et la compatibilité avec les dernières révisions de Raspberry Pi reste à jour. Adopter RetroPie, c’est choisir un socle logiciel éprouvé, soutenu par des milliers de retours utilisateurs, idéal pour une console rétro maison que l’on veut brancher, lancer et apprécier sans surprise technique.
Matériel requis pour installer RetroPie sur Raspberry Pi
Comparatif Pi 3 Pi 4 Pi 5 avantages et limites
Pi 3 B+ tient encore la route pour les consoles 8 et 16 bits. Son CPU quad-core A53 plafonne à 1,4 GHz, la mémoire se limite à 1 Go et le port Ethernet reste en 100 Mb. Résultat : menus fluides, mais N64 et Dreamcast rament, surtout sans overclock. Son atout : consommation modeste et compatibilité RetroPie éprouvée dès le premier flash.
Pi 4 (4 Go conseillé) change vraiment la donne. Le Cortex-A72 à 1,8 GHz, le GPU VideoCore VI et l’USB 3.0 ouvrent la porte au SSD, aux shaders plus gourmands et aux émulateurs 32 bits type PlayStation ou Dreamcast avec un framerate correct. Le Wi-Fi ac et l’Ethernet gigabit simplifient les transferts de ROMs. Seul bémol : il chauffe vite dans un boîtier fermé.
Pi 5 fait un bond de puissance (Cortex-A76 à 2,4 GHz, GPU 3D 800 MHz, RAM LPDDR4X jusqu’à 8 Go). Les builds RetroPie sont encore en bêta, mais les premiers tests montrent des gains visibles sur Saturn ou PSP. Le nouveau connecteur PCIe pour un SSD NVMe promet des temps de chargement instantanés. En revanche, il réclame un refroidissement actif et une alimentation plus robuste.
Budget complet entre 90 et 130 euros accessoires inclus
En se basant sur les prix moyens en ligne, un set-up équilibré tourne autour de 110 €. Voici la répartition typique :
- Raspberry Pi 4 4 Go : 65 €
- Boîtier ventilé + dissipateurs : 12 €
- Alimentation officielle 5 V 3 A USB-C : 9 €
- Micro-SD 32 Go classe 10 ou A1 : 6 €
- Manette USB ou 8BitDo filaire : 14 €
- Câble micro-HDMI → HDMI 1,5 m : 4 €
En optant pour un SSD USB 3.0 de 120 Go (+18 €) ou un kit Pi 5 (+20 €) on frôle les 130 €. À l’inverse, un Pi 3 B+ d’occasion (35 €) et un boîtier passif permettent de descendre sous les 90 €, parfait pour une borne 16 bits dédiée.
Alimentation stockage et refroidissement recommandés
Alimentation : visez 5 V stabilisés et 3 A réels pour Pi 4 et 5 (3,5 A même conseillé sur Pi 5 en cas de SSD). Les blocs officiels Raspberry Pi évitent les chutes de tension qui provoquent l’icône éclair jaune et des gels en pleine partie.
Stockage : une micro-SD A1 ou A2 de 32 Go suffit pour les ROMs 8/16 bits, mais un SSD USB 3.0 réduit les temps de scraping et fiabilise les écritures prolongées. Les Pi 5 accueillent déjà des adaptateurs NVMe en direct sur le bus PCIe, idéal pour les médiathèques géantes.
Refroidissement : sous RetroPie, les menus restent légers, mais l’émulation Dreamcast ou PSP fait grimper la température au-delà de 70 °C. Un boîtier ventilé à 5 € ou un petit ventilateur 30 mm piloté par GPIO maintient le SoC sous 60 °C sans nuisance sonore. Sur Pi 5, un caloduc et un ventilateur PWM sont pratiquement obligatoires pour éviter la baisse de fréquence automatique.
Préparer la carte SD avec l’image RetroPie officielle
Utiliser Raspberry Pi Imager étape par étape
Avant de glisser votre Raspberry Pi dans son boîtier, la première mission consiste à flasher une carte micro-SD de classe 10 (32 Go minimum recommandé) avec l’image officielle RetroPie. Le plus simple reste Raspberry Pi Imager, disponible pour Windows, macOS et Linux.
- Télécharger Raspberry Pi Imager depuis raspberrypi.com puis l’installer.
- Lancer l’outil et cliquer sur Choose OS, dérouler Emulation and game OS, choisir RetroPie puis la version adaptée à votre modèle de Pi.
- Insérer la carte micro-SD dans le lecteur, cliquer sur Choose Storage et sélectionner la carte.
- Dans le menu roue dentée (⛭), activer si besoin le Wi-Fi, le SSH ou modifier le nom d’hôte. Ces réglages se trouvent pré-configurés dans le fichier userconf.txt généré par Imager, inutile de les éditer manuellement plus tard.
- Valider par Write. L’écriture et la vérification automatique prennent de 2 à 5 minutes selon la carte.
- Une fois le message Write Successful affiché, éjecter la carte en toute sécurité et passer à l’étape « premier démarrage » décrite plus loin dans l’article.
Vérifier checksums et vitesse de la micro SD
Les erreurs de copie sont la cause numéro 1 des plantages d’émulateur au boot. Pour écarter ce risque, comparez le SHA-256 de votre fichier .img.gz téléchargé avec celui publié sur retropie.org.uk.
- Windows : ouvrir PowerShell et lancer
Get-FileHash .retropie-x.x-rpi4.img.gz -Algorithm SHA256
. - macOS/Linux : utiliser
sha256sum retropie-x.x-rpi4.img.gz
. - Le hash affiché doit correspondre, caractère pour caractère, à la chaîne fournie sur le site.
Troisième garde-fou, contrôler la vitesse d’écriture réelle de la carte. Sous Windows, H2testw mesure la totalité du support. Sous macOS et Linux, la suite F3 (Fight Flash Fraud) fait le même travail : f3write /media/SD
puis f3read /media/SD
. Une moyenne inférieure à 15 Mo/s en écriture signale une carte entrée de gamme qui provoquera des temps de chargement interminables, voire des saccades sur les systèmes 32-bit exigeants comme la Dreamcast. Passer à une carte UHS-I ou, mieux, à un SSD USB efface ce goulot d’étranglement pour quelques euros de plus.
Premier démarrage RetroPie et configuration manette
Assistant EmulationStation guidé paramétrage rapide
Au premier boot, RetroPie s’affiche en mode console quelques secondes, puis passe immédiatement sur EmulationStation. Un assistant plein écran vous prend par la main : branchez une manette USB ou un simple clavier, maintenez le bouton A (ou Entrée) deux secondes, le système passe en revue chaque action à mapper. Les touches défilent dans l’ordre (Haut, Bas, Gauche, Droite, Start, Select…). Si votre pad ne possède pas certaines commandes (L2, R2, etc.), maintenez le bouton A pour passer l’étape suivante. Au terme de la liste, l’assistant propose de définir la Hotkey : sélectionnez le bouton Select, pratique pour quitter un jeu via la combinaison Select + Start. Une fois validé, EmulationStation recharge la page d’accueil, vos systèmes émulés apparaissent aussitôt, et vous pouvez déjà lancer vos premières ROMs de test.
Connecteur Bluetooth pour manettes PS4 et 8BitDo
Les pads récents se connectent en trois gestes via le menu RetroPie → Bluetooth. Restez appuyé sur Share + PS pendant trois secondes sur une DualShock 4, ou Start + X sur les modèles 8BitDo en mode X-Input, jusqu’au clignotement rapide. Dans la fenêtre qui s’ouvre :
- Sélectionner Register and Connect to Bluetooth Device
- Choisir l’entrée correspondant au contrôleur détecté (adresse MAC terminant par “Wireless Controller” ou “8BitDo…”)
- Valider DisplayYesNo → Yes pour l’association permanente
Le pad vibre une fois connecté, le témoin s’éclaire fixe et votre configuration précédemment enregistrée se charge automatiquement. Pour éviter toute latence, laissez le Raspberry Pi à moins de trois mètres, désactivez le Wi-Fi si vous jouez hors ligne, et pensez à recharger les manettes via le port USB du même boîtier. Les manettes 8BitDo profitent d’une mise à jour firmware téléchargeable depuis l’outil PC/Mac du constructeur, gage d’un pairing plus stable sous RetroPie.
Ajouter ROMs et BIOS dans RetroPie légalement
Doctrine backup only et sources légales de ROMs
En droit français, l’émulation n’est pas interdite, ce sont les fichiers jeux qui restent protégés. La règle couramment admise, appelée backup only, autorise la copie numérique d’une cartouche ou d’un CD que l’on possède physiquement, uniquement pour un usage privé. Télécharger un titre dont on ne dispose pas reste une contrefaçon. Même logique pour les BIOS indispensables à certaines machines : le fichier doit provenir d’un dump réalisé depuis votre propre console.
Pour jouer sans se mettre hors la loi, plusieurs options existent :
- Homebrew et créations indépendantes publiés gratuitement par leurs auteurs (itch.io, Mega Cat Studios, NesDev).
- Domaines publics ou licences libres : quelques dizaines de perles 8-bit diffusées sous licence Creative Commons ou GPL, que l’on trouve sur PDRoms ou FreeGameDev.
- Rééditions officielles payantes : Sega, SNK, Capcom vendent d’anciens jeux au format ROM sur Steam ou GOG, exportables vers RetroPie après extraction (légalité assurée par l’achat).
- Dumps personnels : avec un Retrode, un CartReader USB ou une PSP hackée pour les jeux PS1, on récupère soi-même ses titres et BIOS, preuve de propriété à l’appui.
Dernier rappel : placer les BIOS dans le dossier /home/pi/RetroPie/BIOS
avec le nom exact attendu par l’émulateur. Un fichier mal orthographié bloque le lancement, un script de vérification intégré à RetroPie permet de contrôler les checksums.
Transférer fichiers via réseau Wi Fi ou USB
RetroPie expose par défaut un partage Samba. Depuis un PC Windows ou macOS connecté au même Wi-Fi, tapez \retropie
dans l’explorateur puis glissez vos ROMs dans le répertoire roms
correspondant (nes, snes, psx…). La vitesse dépasse 8 Mo/s sur un Pi 4 avec Wi-Fi ac, suffisant pour un jeu PS1 en une minute.
Autres méthodes rapides :
- SCP/SSH :
scp game.nes pi@retropie.local:~/RetroPie/roms/nes/
, idéal pour les utilisateurs Linux ou pour automatiser des transferts. - Clé USB : formatez en FAT32, créez un dossier
retropie-mount
à la racine, branchez-la au Raspberry pendant trente secondes. RetroPie fabrique la structure de répertoires, il suffit ensuite de copier les ROMs sur la clé et de la remettre pour qu’elles se synchronisent. - Disque réseau NFS : pour une ludothèque géante, montez un NAS dans
/etc/fstab
puis pointez le dossier roms vers ce stockage partagé.
Après ajout des jeux ou des BIOS, redémarrez simplement EmulationStation (touche Start puis Quit > Restart ES). Les nouveaux systèmes apparaissent aussitôt dans le menu, prêts à lancer une partie.
Personnaliser l’interface RetroPie thèmes et shaders
Installer thèmes et scraper métadonnées des jeux
La façade visuelle de RetroPie repose sur EmulationStation. Le thème par défaut Carbon fait le travail mais manque de piquant. Depuis le menu principal, bouton « Start », ouvrez Themes, puis « Download themes ». La liste est alimentée par GitHub : un simple clic télécharge et installe le pack choisi dans /etc/emulationstation/themes
. Art Book HD valorise les jaquettes, Pixel modernise l’interface, Synthwave lui donne un look néon. Revenez dans « UI Settings », ligne « Theme Set », sélectionnez votre nouveau skin et redémarrez l’interface pour valider.
Un thème sans vignettes reste terne. Toujours dans le menu « Start », lancez le Scraper. La source ScreenScraper.fr, déjà renseignée, fournit titres, descriptions, jaquettes et parfois vidéo de démo. Cochez « User decides on conflicts » pour garder la main sur les doublons et définissez la région préférée (Europe, USA, Japon) afin d’éviter des captures d’écran en japonais. Le scraping se fait console par console, laissez le Pi branché en Ethernet pour accélérer la requête. Pour un résultat encore plus riche, le script tiers « sselph scraper » ajoute la notation des jeux et le nombre de joueurs ; il se lance depuis le menu RetroPie-Setup, section « Manage packages », puis « Optional ».
Activer shaders pour améliorer le rendu graphique
Les shaders RetroArch filtrent l’image en temps réel et rappellent le grain d’un CRT ou la netteté d’un écran LCD moderne. Pendant une partie, pressez Hotkey + X pour ouvrir le RGUI RetroArch, déroulez : Quick Menu, Shaders, Activate Shaders. Sur Raspberry Pi 4, optez pour les packs « GLSL », plus rapides. Un appui sur « Load » affiche les préréglages :
crt-pi.glslp
: courbure légère, scanlines fines, parfait sur TV 1080p.zfast_crt.glslp
: excellent compromis qualité-vitesse, même sur Pi 3.scale2x.glslp
: double les pixels sans flou, idéal pour jeux 8 bits.
Validez avec « Apply Changes ». Dans « Save » choisissez « Save Core Preset » pour appliquer le filtre à toute une console, ou « Save Game Preset » pour un titre précis. Sur Pi 4, la plupart des shaders tournent à 60 images / s. Si un ralentissement se fait sentir, repassez par le même menu et décochez « Shaders », ou réduisez la résolution de sortie dans « Video » pour alléger la charge GPU.
Optimiser performances et refroidissement du Raspberry Pi
Overclock sécurisé et gestion thermique efficace
Le Raspberry Pi 4 tient sans broncher à 1 ,8 GHz mais passe un cap dès 2 GHz. Pour l’y pousser, éditez le fichier /boot/config.txt
:
# Overclock raisonnable
arm_freq=2000
gpu_freq=600
over_voltage=6
Ces valeurs restent conservatrices, évitent les plantages et n’annulent pas la garantie. Après redémarrage, vérifiez la température avec vcgencmd measure_temp
. Le CPU doit rester sous 70 °C pour éviter le throttling.
Un bon refroidissement est indispensable. Trois solutions éprouvées :
- Radiateurs en aluminium autocollants, presque silencieux, 5 °C gagnés.
- Boîtier ventilé type FLIRC ou Argon Neo : flux d’air direct, –10 °C, bruit quasi nul.
- Ventilateur 30 × 30 mm piloté par GPIO avec script Python : ne tourne qu’au-delà de 60 °C, énergie préservée.
Dans un salon connecté, placer le Pi à l’écart de la box TV limite l’accumulation de chaleur et réduit la poussière qui freine le débit d’air.
Réglages spécifiques pour N64 et Dreamcast
Certains systèmes réclament plus que la fréquence brute du CPU. Pour la Nintendo 64, ouvrez RetroArch puis Quick Menu › Options et passez CPU Core sur dynamic recompiler. Activez également Framerate divisor 1 pour bloquer à 60 fps. Avec l’overclock ci-dessus, Super Mario 64 tourne plein pot, sans rater le moindre son.
La Dreamcast demande un GPU plus véloce. Ajoutez dans config.txt
: gpu_freq=750
. Dans l’émulateur Flycast, réglez Threaded Rendering sur Auto et Fast GD-ROM sur True. Un ventilateur 40 mm maintient le SoC à 65 °C lors des courses endiablées sur Crazy Taxi. Au-dessus de 750 MHz, les artefacts vidéo se multiplient : mieux vaut soigner la ventilation que poursuivre la montée en fréquence.
RetroPie et domotique hub multimédia maison connectée
Intégrer Kodi pour unifier jeux et vidéos
RetroPie embarque déjà Kodi dans son installateur. Depuis une session SSH ou directement sur le Pi, lancer sudo ~/RetroPie-Setup/retropie_setup.sh
, choisir « Manage packages », « Optional » puis kodi. Le script télécharge et compile automatiquement le media-center. Une fois l’option « Install » terminée, Kodi s’affiche comme un système supplémentaire dans EmulationStation à côté des consoles virtuelles. Un appui sur la touche B de la manette permet de basculer entre jeux et films sans redémarrer le Raspberry Pi.
Pour éviter les saccades vidéo, vérifier que la sortie HDMI est bien forcée en 1080p dans /boot/config.txt
et activer l’accélération matérielle dans les paramètres de Kodi (Settings, Player, Video, « Allow hardware acceleration »). La bibliothèque peut ensuite pointer vers le NAS familial via NFS ou SMB, tandis que le scraping d’affiches se fait par TMDb ou TVDB comme d’habitude. Résultat, une interface unique pour passer d’un combat Street Fighter à la dernière série Netflix sans toucher à la télécommande.
Lier RetroPie à Home Assistant via MQTT
Un pas de plus transforme la borne rétro en capteur domotique capable de dialoguer avec Home Assistant. Activer d’abord le broker MQTT sur Home Assistant (Add-on Mosquitto) puis relever l’adresse IP et les identifiants. Côté RetroPie, installer l’outil en ligne de commande mosquitto-clients
: sudo apt install mosquitto-clients
.
Deux scripts suffisent pour publier l’état de la console :
/opt/retropie/configs/all/runcommand-onstart.sh
:mosquitto_pub -h 192.168.1.20 -u pi -P motdepasse -t "retropie/status" -m "on"
/opt/retropie/configs/all/runcommand-onend.sh
: même ligne avec la valeuroff
Dans Home Assistant, créer une entité binaire :
binary_sensor: - platform: mqtt name: ArcadeSalon state_topic: "retropie/status" payload_on: "on" payload_off: "off"
Cette entité déclenche ensuite toutes les automatisations souhaitées, du lancement automatique du rétroéclairage LED quand un jeu démarre à la coupure de l’ampli audio quand la partie se termine. RetroPie devient ainsi un maillon naturel de la maison connectée, sans coût supplémentaire, simplement par quelques lignes shell et YAML.
RetroPie vs Recalbox vs Lakka comparatif express
Facilité d’installation et d’usage au quotidien
RetroPie gagne des points auprès des bidouilleurs : l’image officielle s’écrit en trois clics via Raspberry Pi Imager, puis un assistant EmulationStation guide la configuration des manettes. La distribution reste toutefois orientée “tuning” : menus avancés en SSH, choix de scripts pour ajouter des thèmes ou des tweaks GPU. Les débutants s’en sortent, mais passent vite par les forums pour pousser les réglages.
Recalbox mise sur le « plug & play ». Une fois la carte flashée, tout est préconfiguré : Wi-Fi, Bluetooth, scraping automagique et même Kodi si l’on veut basculer sur un film. L’interface EmulationStation est verrouillée, donc moins de casse possible, mais aussi moins de libertés pour l’utilisateur qui aime tripoter RetroArch. Les parents qui montent une borne arcade pour les enfants apprécient ce côté clé en main.
Lakka se distingue par sa sobriété. Cette distribution, dérivée de LibreELEC, démarre directement sur RetroArch. Zéro assistant, zéro surcouche visuelle, juste le menu XMB façon PlayStation 3. Les mises à jour OTA sont discrètes, l’image reste légère, idéale pour un Pi Zero ou une box x86 recyclée. En contrepartie, il faut aimer fouiller dans les menus RetroArch pour paramétrer un pad ou activer le Wi-Fi.
Catalogue d’émulateurs et fréquence des mises à jour
- RetroPie : plus de 50 systèmes annoncés officiellement, dont MAME, NES, Mega Drive, PS1 et une Dreamcast encore perfectible. Les développements s’appuient sur la communauté RetroArch mais aussi des cores maison, mis à jour via le “Setup Script” dès qu’un nouveau build est testé. En moyenne, une version majeure par an et des correctifs quasi mensuels.
- Recalbox : près d’une centaine de machines listées, avec des exclus comme la Vectrex ou la Thomson MO5 chères aux retrogamers français. Les équipes maintiennent un dépôt centralisé : une grosse release « numéro » tous les six mois environ, plus des hotfix rapides quand un core casse la compatibilité.
- Lakka : la distribution épouse le rythme de RetroArch, donc un flux continu de cores à jour. On dépasse 120 systèmes théoriques, mais quelques-uns, comme la Wii ou la PS2, restent expérimentaux sur Raspberry Pi. Les mises à jour OTA sont proposées presque chaque mois, la base logicielle étant commune au projet Libretro.
Au final, RetroPie propose le socle le plus stable pour les consoles 8 à 32 bits, Recalbox ratisse large avec des machines obscures tout en gardant un contrôle qualité serré et Lakka joue la carte du bleeding edge. Le choix se fait donc entre variété, stabilité et fraîcheur, selon que l’on cherche une borne familiale à l’épreuve des enfants ou un labo d’émulation toujours à la pointe.
Problèmes courants RetroPie et solutions rapides
Écran noir au boot diagnostic pas à pas
Écran noir signifie presque toujours un problème d’alimentation ou de signal vidéo avant le chargement d’EmulationStation. Le voyant rouge du Raspberry Pi doit rester fixe, le vert clignote pendant la lecture de la micro-SD. Si le rouge s’éteint ou clignote, l’alimentation 5 V 3 A est insuffisante, changez-la. Si seul le vert reste éteint, re-flashez l’image RetroPie sur une carte SD classe 10, un fichier corrompu bloque la séquence de démarrage.
- débranchez, insérez la micro-SD dans un PC et ouvrez le fichier
config.txt
. Ajoutezhdmi_force_hotplug=1
puis sauvegardez. Cette ligne force l’activation du port HDMI même si la TV répond mal au handshake. - si l’écran reste noir, remplacez la valeur
hdmi_group
ethdmi_mode
par un mode supporté par votre téléviseur (exemple : 16 et 82 pour 1080p60). Ces numéros se trouvent sur la documentation Raspberry Pi. - vérifiez le câble : un HDMI cheap non certifié ou un adaptateur micro-HDMI peut couper le signal. Testez avec un câble court certifié 18 Gb/s.
- si les LED clignotent mais rien ne s’affiche, branchez le Pi au réseau, connectez-vous en SSH. Un
dmesg
révèle souvent une micro-SD en lecture seule ; changez de carte. - ultime étape : re-flashez RetroPie via Raspberry Pi Imager, testez sans pack de BIOS ni ROMs pour isoler la panne logicielle.
Latence manette Bluetooth comment la corriger
Un décalage entre la pression du bouton et l’action à l’écran gâche vite une partie de Sonic. Le couple Raspberry Pi / RetroPie peut atteindre 8 ms de latence, à condition de dompter la couche Bluetooth.
- désactivez le Wi-Fi si vous jouez en Ethernet. Les deux radios partagent l’antenne et génèrent des interférences. Menu raspi-config, onglet Interface Options, validez Disable Wi-Fi.
- mettez à jour le firmware Bluetooth :
sudo apt update && sudo apt full-upgrade
, puis redémarrez. Les correctifs récents réduisent le temps de négociation des paquets. - dans RetroArch, ouvrez Settings → Latency et réglez Run-Ahead Frames sur 1. Le moteur calcule une image d’avance, l’illusion est immédiate sans pénaliser les performances sur Pi 4.
- pour les manettes PS4 ou 8BitDo, activez le mode « low latency » : maintenez Start + B pendant trois secondes sur 8BitDo. Sur DualShock 4, branchez-la en USB une première fois, débranchez, puis appuyez sur Share + PS jusqu’à clignotement rapide, la connexion repasse en 1 000 Hz au lieu de 125 Hz.
- si le Pi est enfermé dans un boîtier métallique ou sous la TV, utilisez un dongle Bluetooth USB CSR 4.0 sur une rallonge courte pour éloigner l’antenne des sources de perturbations.
Après ces réglages, la latence descend sous le seuil perceptible pour la majorité des jeux 2D. Pour la compétition sur Street Fighter III, branchez quand même la manette en USB pour profiter d’un temps de réponse pur conducteur cuivre.
FAQ RetroPie débutants questions essentielles
Combien de consoles peuvent être émulées
RetroPie agrège les cœurs d’émulation de RetroArch et les projets indépendants comme DOSBox ou Daphne, ce qui lui permet de couvrir plus de 50 systèmes différents. Concrètement vous pouvez rejouer aux générations 8 et 16 bits (NES, Super NES, Mega Drive, Game Boy) mais aussi aux machines 32 et 128 bits les plus légères (PlayStation, Neo-Geo CD, Dreamcast partielle). Les bornes d’arcade MAME, le micro-ordinateur Amiga ou encore la console portable PSP figurent également dans la liste. La limite vient moins du logiciel que de la puissance du Raspberry Pi : un Pi 4 gère sans broncher la PlayStation ou la plupart des jeux N64, mais montre ses limites sur certains titres Dreamcast ou Saturn très exigeants. Pour connaître la compatibilité précise, le wiki officiel RetroPie tient une page « Systems » mise à jour par la communauté.
RetroPie est il légal en France explications
En droit français, l’émulation est autorisée : il n’est pas interdit de reproduire le fonctionnement d’une console tant que le code propriétaire du constructeur n’est pas copié. RetroPie, qui se contente de distribuer un environnement open source, est donc licite. La question sensible concerne les ROMs et BIOS. La loi protège les œuvres ludiques comme n’importe quel logiciel ; leur reproduction et leur diffusion restent soumises au droit d’auteur. L’exception dite « copie privée » ne vaut que si vous possédez l’original physique et que la copie reste dans votre cercle familial. Télécharger un jeu protégé que vous ne détenez pas constitue une contrefaçon, même si le titre n’est plus commercialisé.
Pour une utilisation 100 % régulière :
- dumpez vous-même vos cartouches ou CD via un lecteur adapté,
- utilisez les ROMs passées dans le domaine public ou distribuées par leurs auteurs,
- achetez des bundles légaux chez GOG ou Steam puis extrayez les fichiers si la licence l’autorise.
Les BIOS restent aussi protégés ; certains systèmes ne fonctionneront pas sans eux. Là encore, seule la copie issue de votre propre console est tolérée. En pratique, RetroPie fournit la couche logicielle, mais la responsabilité du respect de la propriété intellectuelle repose sur l’utilisateur.
RetroPie transforme le Raspberry Pi en console patrimoniale et en passerelle multimédia sans grever le budget, tout en profitant d’une communauté massive pour garder la prise HDMI allumée longtemps. Cette alliance de bricolage accessible et de sobriété énergétique replace les vieux pixels au cœur de la maison connectée. À l’heure où le Pi 5 promet déjà le lissage 3D et le SSD fulgurant, la frontière entre nostalgie et innovation devient un terrain de jeu captivant. Brancherez-vous votre manette pour écrire la suite de l’histoire ?